Le téléphone portable en prison
- Date de dernière mise à jour : 6 novembre 2024
Au même titre que les stupéfiants, les smartphones transitent dans les cellules des prisons françaises sans que cela soit autorisé. Si selon les règlements des maisons d’arrêts et centres de détention, détenir un téléphone portable lorsqu’on est détenu est illégal et passible de sanction, la réalité est toute autre. Découvrez comment les téléphones entrent en prison ainsi que l’usage qu’en font les personnes condamnées.
Est-ce légal d’avoir un téléphone portable en prison ?
Détenir un téléphone portable lorsqu’on est incarcéré au sein d’un établissement pénitentiaire est formellement interdit par les règlements des prisons. En effet, pour pouvoir communiquer avec des personnes qui se trouvent à l’extérieur, les détenus doivent s’en tenir aux parloirs, aux courriers et à l’utilisation des téléphones mis à leur disposition dans leur cellule de prison ou dans les coursives.
Pourtant, la réalité est toute autre. En cellule, il n’est pas rare de voir des personnes condamnées en pleine conversation téléphonique avec un proche de l’extérieur ni de trouver de multiples cartes SIM, chargeurs et smartphones.
Que risque les détenus avec un téléphone portable en prison ?
En prison, la possession d’un téléphone portable est strictement interdite et constitue une infraction disciplinaire. Les conséquences pour les détenus trouvés avec un téléphone ne sont pas immédiates mais suivent un processus bien défini.
Procédure disciplinaire
Lorsqu’un détenu est pris avec un téléphone portable, un compte rendu d’incident est rédigé. Le détenu ne sera pas placé immédiatement en cellule disciplinaire. Il devra passer ultérieurement devant une commission de discipline.
Encadrement de la mise en prévention disciplinaire
La mise en prévention disciplinaire est encadrée par des règles strictes. La faute doit être de premier ou de second degré, et il doit s’agir du seul moyen de mettre fin à l’infraction. Cela garantit que les sanctions ne sont pas appliquées arbitrairement.
Pour désengorger les quartiers disciplinaires, une nouvelle mesure appelée « infra disciplinaire » a été mise en place. À la prison de Saint-Étienne, par exemple, il y a six cellules réservées à cette fin. Cette mesure permet une gestion plus efficace des infractions mineures et favorise un rôle plus actif des surveillants.
Processus simplifié pour les infractions reconnaissables
Si un détenu reconnaît immédiatement son infraction, une sanction simplifiée peut être proposée. Par exemple, une restriction de promenade à la matinée pendant une semaine. Si le détenu accepte cette sanction, elle est mise en place rapidement, évitant ainsi un passage en commission de discipline.
En résumé, la possession d’un téléphone portable en prison entraîne des conséquences disciplinaires bien encadrées, avec des procédures visant à gérer efficacement les infractions tout en désengorgeant les quartiers disciplinaires. Les détenus ont la possibilité de reconnaître leurs infractions pour bénéficier de sanctions simplifiées.
Détenir un smartphone en prison est une infraction pénale qualifiée de recel.
Malgré tout, plus de 100 appareils sont recensés chaque mois à la prison de Fleury-Mérogis. Les directeurs d’établissements pénitentiaires placent régulièrement leurs propriétaires à l’isolement.
Comment les détenus obtiennent des téléphones portables ?
Pour obtenir des téléphones portables, les détenus regorgent d’inventivité. Généralement, ceux qui disposent de moyens financiers suffisants parviennent rapidement à dégoter un smartphone de qualité. Ces appareils transitent dans les prisons françaises grâce à diverses méthodes explorées par les personnes condamnées qui se livrent parfois à de véritables trafics en cour de promenade ou dans les coursives des établissements pénitentiaires.
Des téléphones portables vendus dans les coursives des établissements pénitentiaires
En effet, les détenus peuvent acheter un téléphone portable à ceux qui se livrent à ce genre d’activités commerciales en prison. Pour cantiner, certains vendent du cannabis, de la cocaïne, de l’alcool ou bien des smartphones. En payant par PCS leur appareil et leur chargeur, ceux qui viennent d’arriver peuvent contacter sans contraintes leurs proches qui se trouvent à l’extérieur.
Des cartes SIM qui passent les portes des parloirs
Les cartes SIM, indispensables pour téléphoner et accéder à Internet, passent généralement directement par les portes des parloirs. De par leur petite taille et leur faible quantité de métal, les puces téléphoniques ne sont pas toujours détectées par les portiques de sécurité et les visiteurs peuvent aisément les dissimuler dans une poche, une chaussure ou encore une chaussette.
Pourtant, les familles de détenus qui pratiquent de telles activités risquent elles aussi d’être sanctionnées. Pour éviter de rallonger la peine de votre proche incarcéré et d’être vous aussi sanctionné, vous ne devez, en aucun cas, introduire des objets interdits en prison.
Des téléphones portables livrés en prison
Pour que leur téléphone portable leur soit livré en prison, les détenus les mieux lotis financièrement peuvent aussi compter sur d’autres stratagèmes. Jetés par-dessus les barbelés de leur établissement pénitentiaire ou encore apportés directement par drone aux alentours de la prison, les smartphones sont plus que jamais accessibles aux personnes condamnées.
Il faut savoir que contrairement aux téléphones portables, la TV est accessible en prison. Les détenus doivent payer la location chaque mois pour pouvoir la regarder dans leur cellule.
Les détenus peuvent-ils accéder à Internet depuis leur téléphone portable ?
Pour limiter l’utilisation du téléphone portable en prison, les établissements pénitentiaires ont investi dans des systèmes de brouillage du réseau. Grâce à ces dispositifs, les autorités espéraient réduire l’accès à Internet des détenus. Or, des plaintes des riverains ont donné lieu à l’augmentation de la puissance du réseau et à l’inefficacité des brouilleurs. Par conséquent, de nombreux détenus continuent de capter Internet depuis leur cellule.
Pourquoi l’usage du téléphone portable est-il sanctionné en prison ?
Si l’usage du téléphone portable est sanctionné en prison, c’est à cause des dérives qui ont lieu autour de l’utilisation d’Internet des communications téléphoniques en l’absence de contrôle. En effet, un simple appareil peut donner lieu à des délits supplémentaires qui ne peuvent être évités par les autorités carcérales.
Pour limiter tout risque de voir des victimes menacées depuis la prison
C’est notamment le cas lorsqu’un détenu qui détient un téléphone portable utilise son appareil pour menacer la victime du délit l’ayant conduit en prison. Après un procès, nombreuses sont les personnes ayant porté plainte à témoigner du fait que des appels ou SMS venant de la part d’un condamné à une peine de prison les aient directement ou non menacés. C’est en partie pour éviter de telles complications que les smartphones sont prohibés en prison.
Pour limiter les risques de mutineries dans les établissements pénitentiaires
En pleine mutinerie, des détenus de certains établissements pénitentiaires se sont filmés et ont partagé des images violentes sur les réseaux sociaux. Dans d’autres prisons de France, les vidéos ont été visionnées par des personnes condamnées qui ont immédiatement adopté le même comportement. Pour éviter des révoltes simultanées dans tous les établissements pénitentiaires, les téléphones portables sont prohibés.
Plus de 53 000 téléphones portables ont été saisis dans les prisons françaises en 2023 (source : RTL).
Que font les détenus depuis leur téléphone portable ?
Pourtant, les détenus ne font pas forcément mauvais usage de leur téléphone portable. Les cas où cet appareil est utilisé à des fins malveillantes sont même plutôt rares et ces derniers s’adonnent généralement à des activités plus conventionnelles sur leurs smartphones.
Contacter sa famille sans se ruiner
Dans un premier temps, les personnes condamnées qui détiennent un téléphone portable en cellule s’en servent quotidiennement pour parler à leurs proches. Par peur de perdre une petite amie, de décevoir un enfant ou une maman, les détenus n’hésitent pas à contacter tout au long de la journée ceux qu’ils aiment. C’est d’ailleurs pour ne pas rompre ces liens familiaux qu’ils prennent le risque de faire entrer un smartphone en prison.
Publier du contenu sur les réseaux sociaux
Pour occuper leur temps libre, d’autres publient du contenu sur les réseaux sociaux. Sur Snapchat, Instagram, Tiktok et Facebook, il n’est désormais plus rare de tomber sur de véritables stars des prisons, qui partagent leur quotidien avec le reste de la population.
Quand certains montrent comment cuisiner dans une cellule qui n’est équipée que du strict nécessaire, d’autres partagent leurs exploits sportifs, leurs conditions de détention ou se mettent en scène dans des chorégraphies avec leurs co-détenus.
Le portable en prison pour tenter de rencontrer l’amour
Aussi, par manque de compagnie et d’amour, d’autres se servent de leur smartphone pour s’inscrire sur des sites de rencontres et discutent avec des inconnus. Si la plupart des détenus mentent sur leur situation, d’autres préfèrent être sincères et indiquer directement à leur interlocuteur les raisons de leur incarcération.
Parfois, leur démarche leur permet de recevoir de nouvelles visites au parloir et de lutter contre l’isolement. Sans grande surprise, l’historique des moteurs de recherche des téléphones portables saisis à des détenus fait également souvent apparaître le fait que des sites pornographiques ont récemment été consultés.
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Questions les plus fréquentes au sujet du téléphone en prison
Comment informer un détenu d’une urgence sans pouvoir lui téléphoner ?
En cas d’extrême urgence, il peut être difficile pour les familles de contacter un proche détenu, notamment lorsque ce dernier ne dispose pas de téléphone portable. Si des téléphones sont proposés aux prisonniers dans les coursives ou parfois même en cellule, ces derniers ne peuvent pas recevoir d’appels en provenance de l’extérieur dessus.
Pour l’informer d’une nouvelle importante, vous devez contacter son établissement pénitentiaire qui pourra apprécier la situation et, au besoin, indiquer au détenu le motif de votre appel et l’inciter à vous recontacter.
Les conversations téléphoniques en prison peuvent-elles être écoutées ?
Oui, pour accéder aux téléphones de la prison, les détenus doivent d’abord demander l’autorisation de joindre certaines personnes au juge d’application des peines responsable de son dossier. Après avoir obtenu le droit de joindre ses proches par téléphone, une personne condamnée doit constamment garder en tête que les appels sont enregistrés et susceptibles d’être écoutés par les autorités judiciaires.
Est-ce qu’une puce de téléphone portable sonne aux portiques des parloirs ?
Non, les puces de téléphone portable et cartes SIM ne sonnent pas aux portiques des parloirs. Néanmoins, si vous êtes pris en flagrant délit par les surveillants en train de tenter de faire entrer cet objet interdit en prison, vous risquez des sanctions. Notez que le détenu que vous visitez pourra lui aussi être puni par les autorités pénitentiaires.
Que risquent les proches de détenus qui apportent un téléphone portable au parloir ?
Les proches de détenus qui apportent un téléphone portable ou une carte SIM au parloir de la prison risquent des sanctions pouvant aller du simple retrait du permis de visite à des poursuites judiciaires. Pour éviter de laisser votre proche condamné livré à lui-même, nous vous conseillons d’éviter de tenter d’introduire des objets interdits pendant un parloir.
Est-ce légal de détenir un téléphone Melrose en prison ?
Pour pouvoir communiquer avec l’extérieur sans risquer de voir leurs conversations être écoutées par les autorités pénitentiaires, certains détenus optent pour le téléphone Melrose. De petite taille, ce gadget permet de passer des appels incognito et est de plus en plus souvent découvert dans les cellules des détenus lors de fouilles. Le téléphone Melrose reste toutefois illégal et en avoir un en sa possession lorsqu’on est en prison peut mener à des sanctions disciplinaires susceptibles de rallonger la peine initiale.
