Le brouillage en prison
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- Date de dernière mise à jour : 7 novembre 2024
Chaque année, des dizaines de milliers de téléphones portables sont saisis par le personnel pénitentiaire dans les cellules des détenus. En effet, malgré l’interdiction de détenir un smartphone en prison, ces appareils circulent largement dans les coursives des maisons d’arrêt et centres de détention, favorisant le trafic et les risques d’évasion. Pour priver les personnes condamnées de réseau Internet, le ministère de la Justice a investi des millions d’euros dans des brouilleurs. Mais le brouillage est-il réellement efficace en prison ?
Pourquoi les prisons françaises ont-elles recours à des brouilleurs ?
Dans les coursives, au sein des cellules ou dans les cours de promenade, les détenus troquent quotidiennement des smartphones entrés illégalement en prison contre du tabac, quelques grammes de cannabis ou encore contre de la nourriture. Chargeurs, carte SIM et téléphones flambants neufs sont effectivement accessibles à qui souhaite communiquer avec l’extérieur et surfer sur Internet malgré les risques que cela implique.
Chaque année, le personnel pénitentiaire saisit des dizaines de milliers de téléphones portables recelés frauduleusement par les détenus. Ces appareils entrent par les parloirs, grâce à des drones ou sont parfois jetés, après avoir été soigneusement emballés, directement par-dessus les murs de la prison. Ils sont ensuite réceptionnés par leur destinataire.
Si l’administration pénitentiaire peine à limiter le nombre de téléphones portables qui entrent frauduleusement dans l’enceinte des prisons, elle a récemment tenté de limiter leur utilisation en recourant à des systèmes de brouillage d’ondes.
Des millions d’euros investis par l’administration carcérale en faveur du brouillage
À la prison de la Santé, mais également dans de multiples autres établissements pénitentiaires, plusieurs millions d’euros ont été investis en faveur de brouilleurs d’ondes dernier cri.
Ces appareils, disposés sur les toits, à l’entrée ou encore à la sortie des prisons françaises, ont pour but de rendre impossible l’accès à Internet depuis un smartphone. Ils ont aussi comme objectif de limiter les conversations téléphoniques nécessitant du réseau.
Si de telles sommes ont été dépensées par le ministère de la Justice, c’est pour que les règles liées à l’usage du smartphone en prison soient enfin respectées.
Le téléphone portable interdit dans les établissements pénitentiaires
Car malgré le fait que le téléphone portable soit strictement interdit en prison, les réseaux sociaux regorgent de vidéos filmées par les détenus en détention. Sur Snapchat, Telegram ou même Instagram, il n’est pas rare de voir des personnes incarcérées filmer les cours de promenade, l’intérieur de leur cellule ou proposer des services illicites.
Le téléphone portable est prohibé notamment pour :
- limiter les risques d’intimidation des victimes,
- limiter les tentatives d’évasion,
- stopper les trafics depuis les prisons
- cesser les organisation de nouvelles combines au sein des établissements pénitentiaires.
Pour communiquer avec l’extérieur, les détenus doivent passer exclusivement par les circuits légaux qui sont rigoureusement contrôlés par le personnel pénitentiaire (conversations téléphoniques enregistrées, courrier contrôlé…) .
Les systèmes de brouillage des prisons sont-ils efficaces ?
Malgré le budget alloué aux nombreux brouilleurs qui ornent les toits de nos prisons, les téléphones circulent en prison et la présence des détenus sur les réseaux sociaux est plus que jamais remarquée. Contraints de se rendre à l’évidence, les dirigeants des maisons d’arrêt et d’autres établissements pénitentiaires, comme celui de la Santé, déplorent le fait que les systèmes de brouillage soient obsolètes.
Des brouilleurs neutralisant uniquement les réseaux les plus faibles
En effet, des tests menés par des sénateurs et des journalistes ont dévoilé les failles des systèmes de brouillage pourtant onéreux qui ont été installés dans les prisons. Si les réseaux 2G et 3G parviennent à être neutralisés par les brouilleurs dernière génération dans certains quartiers, ce n’est pas le cas des réseaux plus puissants qui sont désormais accessibles aux smartphones les plus récents.
La 5 G impossible à neutraliser en prison
C’est notamment le cas des réseaux 4 et 5 G. À leur grand dam, les autorités constatent que depuis n’importe quelle cellule occupée par des prévenus et détenus, il est possible de :
- passer des appels téléphoniques,
- poster du contenu sur les réseaux sociaux,
- et d’accéder à des sites Internet sans difficulté.
À l’heure où les fournisseurs de réseau mettent tout en œuvre pour permettre aux usagers de surfer toujours plus vite sur le web et d’accéder à leurs plateformes préférées depuis les lieux les plus reculés, les détenus sont naturellement avantagés tandis que l’administration carcérale, elle, voit ses chances de voir le règlement être appliqué s’amoindrir.
Pourquoi est-il difficile de brouiller le réseau en prison ?
Diverses raisons expliquent que le brouillage soit peu efficace en prison. Malgré les millions d’euros dépensés dans des brouilleurs par le ministère de la Justice, les communications avec l’extérieur sont plus que jamais accessibles aux détenus.
Des techniques de brouillage obsolètes
Chaque jour, de nouvelles techniques sont mises au point par les fournisseurs de réseau Internet pour permettre une couverture d’accès à leurs services toujours plus vastes. S’il y a quelques années encore, priver de réseau une structure telle qu’un établissement pénitentiaire était possible, l’arrivée permanente de nouveaux smartphones 5G, conçus pour naviguer sur Internet depuis les lieux les plus reculés rend totalement obsolètes les brouilleurs les plus puissants.
Le brouillage du réseau compromis par le voisinage des prisons
Aussi, la proximité de riverains avec les établissements pénitentiaires équipés de brouilleurs compromet l’efficacité de ces appareils. En effet, privés de réseau, les voisins des prisons alertent bien souvent leur fournisseur qui, pour satisfaire leurs usagers, n’hésite pas à augmenter la puissance de leurs services dans le secteur. Cela permet aux détenus de communiquer avec l’extérieur sans contraintes et rend encore plus inutile le brouillage en prison.
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Questions fréquentes concernant le brouillage en prison
Combien coûte un brouilleur de portable aux prisons ?
Selon le secrétaire général FO Justice, récemment interrogé au sujet des communications qu’entretiennent de manière illicite les détenus avec l’extérieur, un brouilleur de portable coûterait près d’un million d’euros à l’administration pénitentiaire (source : RMC).
Malgré ce coût élevé, le ministère de la Justice n’a pas hésité à équiper ses prisons. En vain, car les technologies utilisées pour limiter les communications illégales sont rapidement devenues obsolètes.
Quelles sont les solutions envisagées pour rendre efficace le brouillage en prison ?
Si espérer que les brouilleurs couvrent toute la surface d’un établissement pénitentiaire est impossible, des solutions ont toutefois été envisagées pour limiter les risques d’évasion, de trafics ou d’intimidation des victimes.
En effet, le secrétaire général FO Justice a exprimé l’éventualité de placer les détenus à risque dans des cellules où le brouillage est efficace et d’affecter les personnes condamnées les moins susceptibles de détenir un téléphone dans une cellule où le réseau 5G fonctionne.
Comment l’administration pénitentiaire lutte-t-elle contre l’usage du téléphone en prison ?
Pour limiter l’entrée illégale de smartphone en prison, le personnel pénitentiaire a déployé d’autres mesures qui interviennent en complément des systèmes de brouillage. C’est notamment le cas des contrôles systématiques des visiteurs au parloir, des fouilles corporelles et des fouilles de cellules.
Il convient de rappeler que détenir un téléphone en prison est interdit et que des sanctions, susceptibles de rallonger la peine du détenu concerné, peuvent être prononcées par le JAP informé de la situation.
Comment les téléphones entrent-ils en prison ?
Pour faire entrer des téléphones en prison, les détenus comptent sur leurs visiteurs qui, à l’occasion d’un parloir, peuvent dissimuler l’appareil et leur remettre ou encore sur des drones pilotés par un complice depuis l’extérieur. Ces derniers acheminent régulièrement les établissements pénitentiaires en nourriture, en cigarettes, en drogue et en objets interdits. Aussi, il est possible de se faire jeter un téléphone directement depuis l’extérieur de la prison.