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Les nurseries pénitentiaires

En France, plusieurs dizaines d’enfants en bas âge évoluent chaque année au sein des établissements pénitentiaires. Peu évoqués, les moins de 18 mois incarcérés avec leurs mères détenues existent pourtant. Pour que ces derniers, nés libres, mais derrière les barbelés de la prison, grandissent dans de bonnes conditions, l’administration carcérale a déployé les nurseries pénitentiaires.

femme avec son bébé en prison
Sommaire
nurserie pénitentiaire

Qu’est-ce qu’une nurserie pénitentiaire ?

En France, les femmes détenues représentent une part de la population carcérale qui ne doit pas être négligée. Si elles évoluent, comme les hommes détenus, dans des maisons d’arrêt et d’autres établissements pénitentiaires dédiés aux longues peines, il arrive qu’elles soient transférées provisoirement au sein d’un quartier spécifique et typiquement féminin : l’unité nurserie pénitentiaire.   

Un quartier dédié aux femmes enceintes et aux jeunes mamans

De plus en plus développés au sein des établissements pénitentiaires, ces quartiers nurserie sont conçus pour accueillir les femmes enceintes, les jeunes mamans, et leurs bébés. Dans des conditions plus adaptées qu’en milieu carcéral traditionnel, les femmes détenues peuvent élever ici leur enfant né quelque temps avant leur incarcération, ou pendant leur peine de prison.

À Rennes, Fleury-Merogis, Corbas, aux Baumettes, à Nancy et à Bordeaux, ces unités accueillent plusieurs dizaines de femmes écrouées, ayant eu l’autorisation de la justice pour purger leur peine avec leur bébé.

Une unité déployée au sein des établissements pénitentiaires dédiés aux femmes

Les nurseries pénitentiaires sont des quartiers disposés au sein même des maisons d’arrêt et centres pénitentiaires pour femmes. Ils ont pour but de favoriser le maintien des liens mères-enfants, qui est particulièrement important à la naissance d’un nouveau-né, et de protéger les petits qui sont parfois contraints d’être placés, faute de famille, lorsque la mère est incarcérée.

Quelles sont les missions des nurseries pénitentiaires ?

Loin d’être uniquement un quartier dédié à l’accueil des mères détenues et de leur jeune enfant, l’unité nurserie pénitentiaire propose des services spécifiques aux femmes qui viennent d’accoucher et assure le suivi médico-social de l’enfant. Tout est mis en œuvre par l’administration carcérale pour que le bambin accueilli ici ne ressente ni culpabilité, ni enfermement, ni choc carcéral, car il est clair pour tous que les bébés, contrairement à leurs mères, sont libres.

Le suivi des femmes enceintes et les accouchements en détention

Les nurseries pénitentiaires assurent dans un premier temps le suivi médical des femmes enceintes, dès lors qu’elles atteignent 8 mois de grossesse ainsi que les accouchements qui surviennent pendant une période de détention. Lorsque les premières contractions se font ressentir, les agents pénitentiaires qui évoluent dans l’unité assurent le transfert de la détenue vers l’hôpital le plus proche où elle pourra, sous escorte policière, donner la vie au nouveau-né, prochainement intégré à ce quartier.  

Le déploiement de cellules réservées aux femmes détenues et à leur enfant

Les cellules des détenues qui évoluent en unité nurserie sont davantage adaptées à la présence de bébés et d’enfants en bas âge que celles au sein desquelles les femmes s’entassent habituellement. Plus spacieuses et surtout équipées du matériel de puériculture nécessaire pour le bien-être de l’enfant, ces dernières sont proposées uniquement au sein des nurseries pénitentiaires.

En effet, dans les cellules ordinaires, des autorisations spécifiques doivent être obtenues par les détenus qui souhaitent bénéficier du moins appareil médical nécessaire à leur santé.

Le suivi éducatif des enfants en bas âge qui évoluent en prison

Les enfants qui évoluent en détention aux côtés de leur mère peuvent bénéficier du suivi de la PMI. Tout au long de la période durant laquelle les petits sont contraints de grandir en prison, la protection maternelle infantile veille à son bien-être et contrôle de manière régulière les conditions dans lesquelles les bébés sont pris en charge en milieu carcéral.

Qui sont les femmes détenues accueillies au sein des nurseries pénitentiaires ?

Les nurseries pénitentiaires n’accueillent pas uniquement des mamans accompagnées de leurs enfants. Voici qui sont les femmes détenues qui évoluent dans ces unités spécifiques.

Les femmes enceintes ou les jeunes mamans qui ont accouché récemment

Les femmes tombées enceintes juste avant d’être placées en détention et celles qui attendent un bébé au cours de leur période de condamnation sont, dès le 8e mois de leur grossesse, éligibles à un placement en unité nurserie si la justice leur accorde ce droit.

Après une demande faite au juge, ces dernières peuvent effectivement être orientées vers ce quartier pour vivre plus sereinement leur dernier mois de grossesse et bénéficier d’un accompagnement pour mieux se préparer à l’arrivée de bébé en prison.

Les femmes qui ont accouché quelques mois avant d’être placées en prison peuvent elles aussi être orientées vers ce quartier par l’administration.

Les femmes détenues dont l’enfant ne peut être accueilli par un autre parent à l’extérieur de la prison

Si les femmes détenues qui sont mères d’enfants en bas âge privilégient généralement le soutien de leur proche famille et préfèrent confier leur nourrisson au père, aux grands-parents, aux oncles et aux tantes plutôt que d’évoluer avec un bébé en prison, il arrive qu’aucun proche ne soit disponible à l’extérieur pour accueillir l’enfant.

Pour éviter un placement en famille d’accueil susceptible de rompre un lien mère-enfant important, ou ne pas inquiéter ses proches  ou les contraindre à élever un enfant il est parfois préférable de demander à être placée dans une nurserie pénitentiaire pour élever son bébé.  

Les femmes détenues aptes à élever leur enfant en détention

Avant d’être autorisées à élever provisoirement leur enfant en prison, les femmes détenues doivent toutefois démontrer de leur aptitude à être mère. En effet, un médecin devra donner son accord avant qu’un bébé soit confié à une personne incarcérée pendant ses premiers mois de vie.

Si le psychiatre missionné pour s’assurer qu’un nouveau-né est en sécurité avec sa mère détenue atteste que la femme écrouée est apte à endosser son rôle de mère, le juge peut alors se fier à ce verdict et organiser le transfert.

Quelles sont les spécificités des nurseries pénitentiaires ?

Loin d’être équipées comme les autres quartiers des établissements pénitentiaires, les unités nurseries disposent de certaines spécificités. Voici les services offerts aux jeunes mères incarcérées et aux bébés et bambins qui évoluent malgré eux en détention.

Les cellules des nurseries adaptées à la présence de bébés

Comme vu plus haut, les femmes détenues qui sont intégrées à un quartier nurserie dispose d’une cellule aménagée. Pour que leur nouveau-né soit accueilli dans de bonnes conditions, un berceau, une commode, une table à langer et une salle d’eau plus spacieuse sont mis à disposition des jeunes mamans. Un lavabo spacieux leur permet également de prendre quotidiennement le bain de leur enfant en bas âge.

Une cour de promenade pour permettre aux enfants de grandir normalement

Les enfants qui évoluent en prison ne sont pas incarcérés même s’ils ne peuvent pas évoluer normalement avec leur mère détenue à l’extérieur. Pour qu’ils puissent se dépenser, une cour de promenade spécialement aménagée est mise à leur disposition dans l’unité nurserie. Ici, les enfants peuvent courir, jouer et même évoluer avec d’autres enfants de femmes détenues pour profiter d’un peu de normalité malgré la situation.

Une salle commune où les enfants en bas âge peuvent s’amuser

Une salle commune, similaire aux crèches, car équipée de jouets, d’articles de puériculture et de jeux, est également présente au sein de ce quartier. Ici, les enfants peuvent se familiariser avec la vie en collectivité, jouer avec d’autres petits tandis que les femmes détenues peuvent échanger avec d’autres mamans. Cela permet de faire le plein de conseils bienveillants, de partager ses expériences de parent en détention et d’oublier un peu la situation.

Une cuisine collective pour préparer les repas des bébés

Une cuisine collective est également déployée dans l’unité nurserie et celle-ci permet aux femmes écrouées de concocter des recettes à leurs bébés. Ici, les femmes détenues peuvent élaborer des plats grâce à des légumes et viandes cantinées pour que leur enfant en bas âge puisse profiter de menus variés et équilibrés. Partagé entre les mères condamnées, ce lieu est propice au partage, à l’échange et aux conseils culinaires.

L’intervention de la PMI pour maintenir lien mère-enfant pendant la détention

Tout au long de la période où un bébé évolue en prison, les visites régulières de la protection maternelle infantile permettent de veiller à ce que son bien-être soit respecté. Lors d’entretiens collectifs ou individuels avec les mères écrouées, la PMI peut conseiller, soutenir et aider celles qui vivent mal la maternité en détention, qui subissent un baby blues difficile ou qui souhaitent simplement être épaulées dans leur nouveau rôle de mère.

Il convient de noter que les jeunes mamans incarcérées peuvent aussi compter sur le soutien du SMPR en cas de difficultés rencontrées pour élever leur enfant en prison.

Jusqu’à quel âge un enfant peut-il évoluer dans une unité nurserie ?

Les nouveau-nés et leurs mamans, condamnées à une peine de prison, peuvent évoluer jusqu’aux 18 mois de l’enfant au sein d’un quartier nurserie. Une fois ce délai passé, l’enfant devra quitter l’établissement pénitentiaire pour évoluer dans un milieu adapté à son âge, auprès d’un père, de grands-parents, d’oncles ou de tantes prêts à l’accueillir en attendant que sa mère soit libérée.

Sources : shs.cairn.info

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Questions fréquentes au sujet des nurseries pénitentiaires

Si la règle stipule clairement qu’un enfant né en détention ou avant peut parfois être laissé à la garde de sa mère incarcérée jusqu’à l’âge de 18 mois en quartier nurserie, certaines exceptions peuvent permettre de prolonger ce délai. Lorsqu’une maman dispose d’éléments justifiant son souhait de prolonger cette période (pas de famille à l’extérieur pour accueillir l’enfant par exemple), une demande peut être effectuée auprès d’une commission spécifique pour profiter de davantage de temps avec l’enfant au sein de l’établissement pénitentiaire.

Oui, les femmes enceintes ou celles qui ont récemment accouché peuvent tout à fait être transférées au sein d’un établissement pénitentiaire qui dispose d’un quartier nurserie si le leur ne possède pas une telle unité. Pour cela, il suffit de demander au JAP la possibilité de garder son nouveau-né près de soi pendant une période de détention et obtenir son autorisation.

Dès 8 mois de grossesse, les femmes enceintes qui évoluent en prison peuvent rejoindre un tel quartier. Avant la naissance de l’enfant, ces dernières évolueront en milieu fermé, ce qui signifie qu’elles ne pourront pas bénéficier d’une cellule ouverte comme les mères qui ont déjà leur enfant près d’elles. Une fois l’enfant né, elles pourront évoluer plus librement pour assurer les meilleures conditions d’accueil à leur enfant.

En prison, les femmes détenues sont parfois contraintes de s’absenter pour être présentées à la justice lors d’une audience ou consulter un médecin. Pour qu’elles puissent répondre à leurs obligations ou se soigner, ces dernières peuvent parfois bénéficier d’un créneau à la halte-garderie lorsque la prison propose un tel service ou alors compter sur leur codétenue pour garder l’enfant.