En France, les établissements pénitentiaires sont depuis plusieurs années déjà surpeuplés. Pour réduire le taux d’occupation des prisons, la justice favorise désormais les aménagements de peine pour celles et ceux qui sont condamnés à de petites peines. Loin de plaire au nouveau ministre de la Justice, Gérald Darmanin, cette solution pourrait bien prendre fin. En effet, ce dernier a récemment évoqué la création de nouvelles prisons pour que chaque délit soit puni par de la prison ferme.
Gérald Darmanin, nommé ministre de la Justice
Après moult rebondissements au gouvernement, Gérald Darmanin vient d’être nommé ministre de la Justice. Dissout après une motion de censure, l’État se reconstruit progressivement et l’avenir des personnes condamnées est sur toutes les lèvres. Car à peine nommé, le ministre a tenu à se déplacer au Tribunal d’Amiens et au centre pénitentiaire de Liancourt pour une visite officielle.
Un déplacement en prison à Noël
En effet, le garde des Sceaux n’a pas tardé à endosser le rôle de son prédécesseur, Éric Dupont-Moretti, puisque le jour de Noël, ce dernier se déplaçait déjà à la prison de Liancourt. Sur place, le ministre s’est engagé à poursuivre le projet de création de 15 000 places de prison supplémentaires, mais a également évoqué certains changements qui risquent de compromettre l’avenir de la justice française.
Un politicien qui n’est pas séduit par les aménagements de peine
Car pour l’heure, les personnes condamnées à des peines de prison inférieures à 1 an bénéficient systématiquement d’un aménagement de peine. Pour désengorger les prisons surpeuplées, les magistrats prévoient désormais exclusivement des placements sous surveillance électronique ou d’autres alternatives à la détention.
Or, cette absence de ferme pour les « petites peines » est loin de séduire Gérald Darmanin, qui évoque des solutions pour que chaque délit donne lieu à une incarcération.
La construction de nouvelles prisons à taille humaine évoquées par Gérald Darmanin
Pour donner vie à son projet d’incarcérer toutes les personnes condamnées à une peine de prison, même pour une durée minime, le garde des Sceaux a évoqué la construction de nouvelles prisons. Conscient des difficultés budgétaires que pourrait engendrer la création d’établissements pénitentiaires, Gérald Darmanin souhaite privilégier la construction de prisons « à taille humaine ».
Ces nouvelles structures pourraient alors accueillir les 42 % de peines aménagées, initialement condamnées par la justice à 3 voire 6 mois de prison ferme sans jamais être exécutées.
Pas de barbelés ni de miradors dans ces établissements prévus pour les courtes peines
Pour que ces nouvelles prisons soient rapidement en mesure d’accueillir des détenus, le ministre a évoqué l’absence de barbelés et de miradors. Soutenue par le secrétaire général FO pénitentiaire, l’idée du garde des Sceaux pourrait améliorer non seulement les conditions de vie des détenus, mais aussi les conditions de travail du personnel pénitentiaire.
Une mesure controversée dont le budget sera prochainement négocié
Pour mettre en œuvre son projet de construction de nouvelles prisons, Gérald Darmanin a besoin de fonds. À l’heure où l’État met tout en œuvre pour réaliser des économies, ce dernier souhaite toutefois solliciter la nouvelle ministre des Comptes publics.
Un nouveau budget pourrait rapprocher le gouvernement de son objectif de création de places supplémentaires en prison, mais aussi condamner celles et ceux qui avaient évité de peu la détention en bénéficiant d’un aménagement de peine.
L’incarcération des petites peines contestée par le syndicat de la magistrature
C’est pourquoi le syndicat de la magistrature, lui, est loin d’approuver le projet. Selon lui, les prisons sont des machines à récidive et ses alternatives permettent de davantage axer une condamnation sur une réinsertion. À l’heure actuelle, 62 % des personnes incarcérées dans un établissement pénitentiaire récidivent dans les 5 années qui suivent leur libération.
Si de nouvelles prisons sont construites, les personnes condamnées à de petites peines risquent donc d’être contraintes de les exécuter en cellule, quitte à compromettre leur vie professionnelle et familiale.
Sources : linternaute.com – huffingtonpost.fr– rmc.bfmtv.com – francetvinfo.fr