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Tous les détenus de France n’ont pas les mêmes droits ni le même quotidien. En fonction de l’établissement pénitentiaire au sein duquel ils se situent, plus ou moins de libertés leur sont accordées. En effet, si certains peuvent sortir de leurs cellules au cours de la journée, d’autres sont contraints d’y passer la majeure partie de leur temps.
Les personnes écrouées pour de longues peines jouissent généralement de davantage de confort que ceux qui font l’objet d’une surveillance accrue pour des raisons de sécurité. Des témoignages issus de différentes prisons permettent de voir que le quotidien des prévenus et détenus est toutefois similaire.
En attente de jugement, un prévenu incarcéré pour braquage depuis désormais 15 mois nous raconte son quotidien à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas. Inauguré en 2009, l’établissement est particulièrement bien équipé et les détenus qui s’y trouvent jouissent d’une douche dans leur cellule, ce qui n’est pas le cas de toutes les personnes écrouées en France.
« Tous les matins, à 7 heures, il y a à la ronde des surveillants. Ils font l’appel de chaque cellule pour savoir si tous les détenus sont là et surtout s’ils sont encore en vie. C’est à ce moment-là qu’on sort la poubelle et qu’on donne le courrier à envoyer s’il y en a. Ensuite, on peut participer à des activités qui ne sont pas obligatoires. Musculation, bibliothèque, certains se rendent au parloir.
À 11h30, la gamelle est servie aux indigents directement en cellule. Un changement de surveillants intervient l’après-midi et il y a l’appel de 13h00, toujours pour s’assurer que tout le monde est encore ici et en vie. De 14h30 à 16h45, il y à ensuite la promenade ou encore des parloirs. On remonte et à 17h30 les indigents se font encore livrer la gamelle.
C’est à ce moment-là qu’ils condamnent les cellules et qu’on est enfermés jusqu’au lendemain matin. Une dernière ronde, cette fois-ci à l’œilleton, a lieu à 19h30 pour vérifier que tout va bien puis plus rien jusqu’au lendemain. »
Le centre pénitentiaire Moulins-Yzeure, situé dans l’Allier, a été inauguré en 1983. Les locaux vétustes de l’établissement et la surpopulation carcérale rendent difficile le quotidien des détenus et prévenus qui s’y trouvent. C’est encore un homme en attente de jugement pour trafic de stupéfiants depuis 13 mois qui nous raconte une journée au sein de la prison.
« Le matin je me lève, je sonne à l’interphone pour réclamer une douche les jours où j’ai droit à de me rendre dans les sanitaires collectifs. La semaine j’ai des activités. Le mardi et le mercredi à 13h00 j’ai gymnase, et quand on fait du sport, on a droit à une douche supplémentaire.
Pour les promenades, les horaires changent un jour sur deux. De 10h00 à 11h00 et l’après-midi de 13h30 à 15h00 et le lendemain de 8h00 à 9h00 et l’après-midi de 15h30 à 17h00. C’est pendant ces créneaux que je peux aussi avoir droit à un parloir. De 8h00 à 10h00, le vendredi, on peut aussi aller à la bibliothèque.
Le lundi j’ai foot, le mardi et mercredi gymnase, jeudi foot et vendredi après-midi, je peux voir l’imam pour la prière ou faire du bodyzen. En fonction des surveillants, on peut avoir une douche après qui peut être plus ou moins longue. Entre 11h et 11h30 et entre 17h et 17h30, la gamelle passe pour les indigents et à 8h, 13h et 19h, les surveillants viennent vérifier qu’on est toujours en vie en faisant l’appel ou en utilisant l’œilleton. »
Les détenus condamnés à une peine de prison ont parfois l’opportunité de bénéficier de certains aménagements lorsqu’arrive la fin de leur période d’incarcération. Certaines personnes écrouées jouissent de davantage de droits lorsqu’ils sont transférés vers un centre de semi-liberté. C’est notamment le cas de notre interlocuteur, actuellement incarcéré dans un tel centre pour violences.
« La semi-liberté, c’est la liberté le jour, mais la prison la nuit. Il faut supporter le co-détenu qui passe ses nuits avec nous, ses humeurs, ses activités. À Saint-Quentin-Fallavier, on a droit au téléphone portable en cellule. Alors je m’endors souvent avec la voix de la compagne du gars qui dort au-dessus de mon lit. J’ai droit à la gamelle le soir, c’est servi en petite quantité et c’est généralement dur à avaler. Le matin, je peux sortir pour aller travailler et j’ai droit à certains week-ends quand je demande une permission. Je rentre le soir et la cellule se referme jusqu’au lendemain.
Je n’ai pas accès aux promenades, sauf les week-ends pendant lesquels je ne suis pas autorisé à sortir. J’ai obtenu une date de sortie définitive qui va me permettre de finir ma peine à la maison, avec un bracelet électronique. »
Pour rythmer leurs journées et ne pas rester prostrés dans leurs cellules, les détenus peuvent participer à diverses activités qui leur sont proposées par l’administration carcérale. Elles permettent non seulement aux personnes écrouées de se défouler, mais ont également le mérite de faire passer le temps plus vite et de limiter l’apparition de dépressions et d’angoisses liées à l’incarcération.
En prison, il est possible de suivre des formations, d’apprendre et de développer de nouvelles compétences afin d’anticiper sa réinsertion professionnelle. En 2020, 29 % des détenus ont mis à profit leur incarcération pour obtenir des certifications qui favorisent la reprise d’une vie professionnelle à l’issue de la peine.
Pour se défouler, les détenus peuvent compter sur le sport. Des gymnases, tournois de football, cours de yoga ou encore de bodyzen permettent de nouer des liens, de conserver la forme malgré l’enfermement et surtout d’occuper une partie de ses journées, car ces activités sont généralement proposées chaque jour aux personnes incarcérées.
Faire du sport permet aussi aux personnes écrouées d’accéder aux douches lorsque celles-ci ne se trouvent pas au sein de leur cellule. Cet avantage est une raison supplémentaire pour s’inscrire aux programmes déployés par l’administration pénitentiaire.
Enfin, des activités culturelles sont aussi proposées aux détenus. Chaque semaine, ces derniers peuvent se rendre à la bibliothèque, pratiquer leur religion grâce à l’intervention d’imams ou de prêtres, mais aussi s’inscrire à des ateliers d’écriture, des cours de théâtre, de musique ou encore à des groupes de créations artisanales.
Tous les détenus ont droit à au moins une heure par jour d’exercices en plein air. Dans la cour de promenade, ces derniers peuvent respirer l’air frais, rencontrer de nouvelles personnes et profiter de davantage d’espace qu’au sein de leur cellule. La promenade n’est pas une obligation pour les personnes écrouées, mais elle est fortement conseillée et rythme positivement le quotidien de ceux qui sont enfermés.
En prison, des services indispensables à la vie quotidienne des détenus sont disponibles et gérés par ceux qui travaillent en prison. Les auxis, contre une faible rémunération, assurent le nettoyage des espaces collectifs de la prison, la préparation des repas servis aux personnes écrouées ainsi que le traitement du linge.
Les repas et la collation servie aux détenus qui n’ont pas les moyens de cantiner pour s’acheter de la nourriture sont généralement préparés et servis par d’autres personnes écrouées qui travaillent au sein même de la prison. Dans les établissements pénitentiaires les plus récents, se sont des prestataires extérieurs qui préparent les mets et les livrent. Dans les deux cas, les indigents peuvent profiter d’une livraison de leurs repas à l’intérieur de leur cellule.
Si la majeure partie des détenus préfèrent confier leur linge à leurs familles durant les parloirs qui rythment leur quotidien, certains confient leur linge sale au service de blanchisserie de la prison. Des détenus qui travaillent au traitement du linge s’assurent de récolter les vêtements sales au sein des cellules et de les rapporter propres une fois passés en machine et séchés.
Dans chaque établissement pénitentiaire, une bibliothèque, là encore généralement administrée par des détenus, permet aux personnes écrouées, pendant des horaires particuliers, de consulter des ouvrages, de faire des mots croisés et même d’emprunter des livres qu’ils pourront lire au sein de leur cellule.
En France, l’accès aux soins médicaux en prison est garanti par la loi, visant à offrir aux détenus des conditions de soins équivalentes à celles de la population générale.
Depuis 1994, la gestion des soins de santé en milieu carcéral a été transférée de l’administration pénitentiaire au secteur public de santé. Chaque établissement pénitentiaire est équipé d’une unité sanitaire où des médecins, des infirmiers et parfois des spécialistes, sont disponibles pour assurer les consultations et les traitements nécessaires.
Ces unités gèrent les soins courants, les urgences médicales ainsi que le suivi des maladies chroniques et la santé mentale. Pour les cas nécessitant des soins spécialisés non disponibles sur place, les détenus sont transférés vers des hôpitaux externes.
Ce système vise à respecter le droit fondamental à la santé pour tous, y compris les personnes incarcérées, en mettant un accent particulier sur la prévention et le traitement adapté au sein de l’environnement carcéral.
La durée des promenades accordées quotidiennement aux détenus varie en fonction de la prison au sein de laquelle ils évoluent. Si certains ont droit à deux promenades par jour, d’autres ne peuvent faire de l’exercice à l’extérieur que pendant une heure. Chaque établissement pénitentiaire à ses propres règles lorsqu’il s’agit de fixer la durée de cette sortie.
Oui et les détenus sont de plus en plus nombreux à profiter de cet avantage. Chaque jour, les élèves de la prison peuvent se rendre au sein d’une salle de classe située à l’intérieur de l’établissement pénitentiaire pour préparer leur sortie en obtenant des certifications ou en développant de nouvelles compétences.
Là encore, des variations existent entre les différents établissements pénitentiaires du pays, mais aussi en fonction du programme quotidien des détenus. Si certains occupent leurs journées en participant à des ateliers, à des activités sportives, se rendent au parloir et en promenade, d’autres vivent très mal leur incarcération et préfèrent rester enfermés dans leur cellule. Pour passer le moins de temps possible enfermés avec leurs codétenus, les personnes écrouées ont donc tout intérêt à s’inscrire à un maximum d’activités en prison.
Si les détenus qui sont incarcérés au sein de prisons récentes peuvent bénéficier de douches à l’intérieur même de leur cellule, d’autres n’ont pas cette chance. Au centre pénitentiaire Moulins-Yzeure et à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône, par exemple, des douches collectives sont situées à l’extérieur des cellules et ne sont pas accessibles quotidiennement aux détenus.
Étant donné la surpopulation carcérale, l’hygiène des sanitaires collectifs laisse généralement à désirer. Les détenus sont d’ailleurs invités le plus tôt possible à cantiner des claquettes pour se rendre à la douche afin d’éviter de contracter virus et champignons…
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