Emploi : travailler en prison
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- Date de dernière mise à jour : 6 novembre 2024
En France, environ 30 % des personnes écrouées exercent une activité professionnelle. Pour demander à être « classés au travail » et bénéficier des avantages octroyés aux travailleurs, les détenus doivent réaliser certaines démarches. On vous explique ici comment travailler en prison afin de percevoir une rémunération et simplifier votre réinsertion.
Travailler en prison : les démarches
Quels sont les métiers qui recrutent en prison ?
Les personnes incarcérées au sein d’établissements pénitentiaires peuvent faire le choix de l’emploi. Pour occuper leurs journées tout en percevant une rémunération, les plus motivées d’entre elles peuvent demander à être classées au travail pendant leur vie carcérale afin d’exercer à temps partiel ou à temps plein une activité professionnelle au service général de la prison ou à la production de produits conçus pour les détenus ou pour des entreprises privées.
Voici les métiers qui recrutent régulièrement en détention.
Les métiers du service général
Les personnes écrouées embauchées au service général de leur établissement pénitentiaire peuvent exercer des tâches diverses nécessaires au fonctionnement de la prison :
- L’entretien des locaux de la prison ;
- La gestion du linge des détenus ;
- Le portage des repas en cellule ;
- Ou encore de menus travaux peuvent être effectués par un détenu ayant signé un contrat de travail en détention.
Les activités productives de la régie industrielle des établissements pénitentiaires
La régie industrielle des établissements pénitentiaires, ou RIEP, recrute régulièrement des détenus affectés à la production de biens et de services vendus à l’extérieur.
L’organisme gère notamment l’atelier de confection des uniformes pénitentiaires qui sont fabriqués par des personnes écrouées rémunérées.
Le recrutement de main-d’œuvre par des entreprises privées
Enfin, des contrats de concession de main-d’œuvre sont bien souvent signés entre des entreprises privées extérieures et des détenus en prison. Dans une telle situation, la société aménage ses ateliers au sein même de l’établissement pénitentiaire et organise le recrutement et le travail des personnes écrouées.
Notez que les personnes condamnées peuvent parfois être autorisées à travailler en dehors de la prison. Elles restent toutefois sous le contrôle de l’administration pénitentiaire et doivent répondre à de multiples critères d’éligibilité pour obtenir un poste à l’extérieur.
Les collectivités publiques, administrations et entreprises privées peuvent effectivement recruter un détenu à condition que le préfet et le directeur de la structure l’autorisent à pratiquer une activité en dehors de la prison.
Qui sont les détenus autorisés à exercer une activité professionnelle en prison ?
Tous les détenus et prévenus peuvent prétendre à un travail en prison lorsqu’ils sont incarcérés au sein d’un établissement pénitentiaire. En fonction de leur situation et de leur comportement, ces derniers peuvent être classés au travail et être recrutés au service général ou à l’atelier.
Pour découvrir les métiers proposés en prison, les personnes écrouées peuvent participer à un programme de découverte en milieu professionnel qui dure jusqu’à 5 jours, à l’issue de cette opération, ces dernières peuvent alors entamer les démarches requises pour postuler au poste de leur choix.
Notez que les personnes qui n’ont pas ou peu de ressources sont prioritaires lorsqu’il s’agit d’obtenir un emploi. Les indigents peuvent effectivement être classés au travail plus rapidement étant donné leur situation financière précaire.
Comment travailler lorsqu’on est incarcéré ?
Pour travailler en prison, il convient dans un premier temps de faire savoir aux responsables de l’établissement pénitentiaire son vœu d’exercer une activité professionnelle. Le directeur de la structure pourra prévoir une découverte en milieu professionnel et accompagner le détenu dans ses démarches pour accéder à un emploi.
La demande de classement au travail
Une fois motivés à travailler pendant leur période d’incarcération, les détenus peuvent réaliser une demande de classement au travail en rédigeant un courrier à l’attention du chef de l’établissement pénitentiaire. Dans ce courrier, il convient de mentionner le poste convoité pour optimiser ses chances d’être affecté à ce dernier.
La décision du chef d’établissement concernant le classement au travail d’un détenu
Après avoir pris connaissance du courrier d’un détenu, le chef d’établissement se prononce sur son classement au travail. En évaluant dans un premier temps le comportement du détenu ainsi que la raison pour laquelle ce dernier est incarcéré, le responsable de la structure pourra se positionner et autoriser ou non une affectation à un poste.
La décision d’affectation du détenu à un poste
Une fois sa décision prise, le Directeur de l’établissement pénitentiaire doit notifier le détenu ayant formulé une demande de classement au travail de son choix. Si ce dernier est favorable, la personne écrouée pourra occuper un poste de travail auprès du service qui aura retenu sa candidature.
Le refus d’affectation à un poste
Si le responsable de l’établissement pénitentiaire refuse d’affecter un détenu désireux de travailler à un poste, des précisions devront être apportées au concerné, ainsi qu’à l’entreprise qui était prête à l’accueillir.
Un mauvais comportement ou la possibilité que le travailleur représente un trouble au bon ordre et à la sécurité de l’établissement sont autant de raisons qui peuvent pousser l’administration à refuser de classer un détenu au travail.
Quel est le salaire des détenus qui travaillent en prison ?
Les personnes qui travaillent en prison ne perçoivent pas le même salaire que les autres employés. En fonction du poste occupé, les détenus pourront prétendre à une rémunération plus ou moins conséquente, mais toutefois minime :
- Les détenus affectés aux ateliers de productions perçoivent un salaire horaire équivalent à 45 % du SMIC ;
- En fonction de la classe dont relève leur poste, les personnes affectées au service général perçoivent une rémunération comprise entre 20 et 33 % du SMIC.
Il est à noter que les entreprises privées qui embauchent de telles recrues sont libres d’indemniser davantage les personnes écrouées. Les chiffres énumérés ci-dessus représentent le salaire minimum des détenus et les économies réalisées grâce à ce type de main-d’œuvre laissent parfois place à la générosité des entreprises qui prévoient primes et majorations des salaires.
Quels sont les avantages du travail en détention ?
Le travail en détention peut s’avérer particulièrement avantageux pour les détenus comme pour les entreprises qui installent leurs ateliers au sein des prisons françaises. Travailler au cours d’une période d’incarcération permet aux personnes écrouées d’éviter de passer leurs journées en cellules, d’accéder chaque jour aux douches lorsqu’elles se trouvent à l’extérieur de la cellule et de circuler plus librement dans les coursives.
En effet, les salariés du service général jouissent généralement de davantage de libertés et de confiance de la part des surveillants et autres responsables de l’administration pénitentiaire que les détenus qui ne travaillent pas. Voici les autres avantages du travail en prison.
Les risques de récidive réduits grâce à la réinsertion professionnelle
Selon plusieurs études nationales et internationales, les personnes ayant travaillé en prison récidivent moins que ceux qui ont vécu leur période de détention sans exercer d’activité professionnelle. En effet, en passant moins de temps en cellule, les détenus ont tendance à préparer davantage leur sortie et leur réinsertion professionnelle et sont par conséquent moins tentés de reproduire des actes répréhensibles une fois sortis de prison.
Des entreprises labellisées grâce au recrutement de détenus
En France, 22 entreprises font appel à des détenus pour fabriquer des produits dans des conditions éthiques et responsables. Depuis 2020, le label « pep’s » – produits en prison(s)– valorise ces sociétés et leurs marchandises et met en avant les solutions qu’elles déploient pour améliorer le quotidien des personnes incarcérées.
Des personnes incarcérées prêtes à se réinsérer
Après avoir passé plusieurs années en prison sans travailler, la réinsertion à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire peut être vécue particulièrement difficilement. En revanche, lorsqu’on est classé au travail dès le début d’une peine, il est plus aisé de recommencer à exercer une activité professionnelle une fois sorti de prison. Les réflexes de l’emploi sont conservés et il est moins difficile de se les réapproprier.
Peut-on contester un refus de classement au travail ?
Oui, dans les 15 jours qui suivent la réception de la notification de refus d’affectation à un poste au sein de la prison, les détenus peuvent contester cette décision. Pour cela, il convient de saisir rapidement le directeur interrégional des services pénitentiaires et détenir des arguments et preuves qui contredisent la raison pour laquelle un refus de classement au travail est intervenu.
"Pour eux, travailler leur permet d’être plus calmes en donnant un sens à leur journée, mais ça leur permet également d’améliorer leur quotidien en gagnant un peu d’argent, tout en remboursant les parties civiles si nécessaire, avec des remises de peine à la clé."
Patrick Mouchot, directeur de la maison d’arrêt de Lons-le-Saunier
Travail en Prison : réinsertion et opportunités
Le travail en prison offre non seulement une chance de réinsertion pour les détenus, mais représente également une opportunité pour les entreprises locales. En employant des détenus, les entreprises peuvent participer activement à la réduction de la récidive en fournissant une occupation productive qui aide les prisonniers à gagner de l’argent et à occuper utilement leur temps (source : actu.fr).
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Questions fréquemment posées sur l'emploi en prison
Quel type de contrat de travail signe-t-on lorsqu’on est en détention ?
Pour commencer à travailler en prison, les détenus doivent signer un contrat d’emploi pénitentiaire qui peut être à durée déterminée ou non. L’exercice des fonctions de la personne incarcérée peut être effectué à temps plein ou à temps partiel et le contenu du contrat doit mentionner les obligations de cette dernière, mais aussi celles de la prison et de l’entreprise qui recrute.
Les détenus ont-ils droit à des jours de repos ?
Oui, chaque semaine, les détenus bénéficient d’au moins une journée de repos, généralement le dimanche. Les jours fériés sont aussi chômés, ce qui permet aux travailleurs de se reposer avant de retrouver leur poste.
Les détenus doivent-ils obligatoirement travailler en prison ?
Non, les détenus ne sont pas contraints d’exercer une activité professionnelle en prison et ce, qu’ils bénéficient de ressources suffisantes pour vivre ou non. En détention, le travail fonctionne sur la base du volontariat et en aucun cas une personne ne peut être forcée à exécuter des tâches contre son gré.
Quelle est la durée maximale de travail hebdomadaire lorsqu’on est en prison ?
Chaque semaine, les détenus ne peuvent pas travailler plus de 48 heures en prison. Qu’ils exécutent des tâches pour le service général ou à l’atelier, la loi les protège contre d’éventuels abus et leur temps de travail ne peut pas excéder cette durée légale.
Les détenus peuvent-ils réaliser des heures supplémentaires ?
S’ils sont volontaires, les détenus peuvent réaliser des heures supplémentaires qui devront être rémunérées et majorées. Les 8 premières heures supplémentaires devront être réglées à + 25 % tandis que la rémunération des heures suivantes devra être majorée à hauteur de 50 %. Cet avantage permet aux personnes incarcérées les plus précaires d’augmenter leurs revenus et de cantiner plus facilement.
Qui sont ces entreprises qui recrutent des détenus pour travailler ?
Les grandes entreprises, ravies de bénéficier d’une main-d’œuvre moins coûteuse, sont plus de 500 en France à confier des travaux aux détenus qui travaillent en prison. C’est notamment le cas de l’enseigne de luxe Dior, du géant de la téléphonie mobile SFR ou encore de Sodexo. Des boulangeries, restaurants et sociétés informatiques rejoignent ces dernières pour favoriser le circuit court tout en réalisant de belles économies.