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Tirs de Kalachnikov, incendies de véhicules, tags : une vague d’attaques coordonnées vise les prisons françaises

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Depuis la nuit du dimanche 13 avril 2025, la France est le théâtre d’un phénomène inédit : une série d’attaques violentes et ciblées contre plusieurs établissements pénitentiaires et leurs agents. Véhicules incendiés, tirs d’armes automatiques, tags énigmatiques… Ces actes de vandalisme et d’intimidation, perpétrés dans au moins neuf villes, ont conduit le Parquet national antiterroriste (PNAT) à se saisir de l’enquête, évoquant une « attaque coordonnée » contre l’institution pénitentiaire.

Une dizaine d’établissements visés, dont Toulon, Valence, Marseille, Villepinte…

Les événements ont débuté dans la nuit de dimanche à lundi, avec sept véhicules incendiés sur le parking de l’École nationale d’administration pénitentiaire (Enap) à Agen. Puis, la nuit suivante, les attaques se sont multipliées à travers le pays :

  • À Toulon-La Farlède, dans le Var, des tirs à la Kalachnikov ont visé la porte d’entrée du centre pénitentiaire, provoquant 15 impacts de balles. Une tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique est suspectée. Heureusement, aucun agent n’a été blessé physiquement, mais le choc est profond.
  • Dans la Drôme, un individu encagoulé, en trottinette, a incendié deux véhicules de surveillants devant le centre pénitentiaire de Valence.
  • À Aix-Luynes, deux voitures ont brûlé et le portail des équipes régionales d’intervention et de sécurité (ÉRIS) a été ciblé.
  • À Villepinte et Nanterre, plusieurs voitures appartenant à des surveillants ont été incendiées avec usage de bidons d’hydrocarbures. À Nanterre, les agresseurs ont même escaladé une butte pour pénétrer sur le parking.
  • À Réau, le véhicule d’une agente pénitentiaire a été détruit par le feu et des traces d’essence retrouvées sur trois autres voitures.
  • À Marseille, les attaques se sont propagées jusqu’aux résidences d’agents pénitentiaires, notamment dans le quartier des Chutes-Lavie.
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Le mystérieux sigle « DDPF » : une revendication ?

De nombreux véhicules incendiés, ainsi que des murs à proximité de certaines prisons, ont été tagués du sigle “DDPF”, pour “Droits des prisonniers français”, un acronyme jusque-là inconnu des enquêteurs. À Toulon, une autre inscription énigmatique, “DDFM”, a été retrouvée peinte à la bombe sur une porte d’entrée.

Si ces slogans laissent penser à une possible revendication liée à la défense des droits des détenus ou à une dénonciation des conditions de détention, aucun groupe n’a officiellement revendiqué les attaques à ce jour.

Certains experts évoquent une hypothèse d’ultragauche ou d’activisme anarchiste, tandis que d’autres, notamment au ministère de l’Intérieur, penchent pour une riposte du narcobanditisme à la politique carcérale actuelle.

Des attaques « concertées » mais aux motivations floues

Le caractère simultané et géographiquement étendu des attaques intrigue. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, n’a pas exclu un lien avec les politiques répressives menées contre le narcotrafic, et l’ouverture prochaine de prisons de haute sécurité destinées à des trafiquants de haut niveau à Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe.

Pourtant, les modes opératoires sont diversifiés : tirs à l’arme de guerre, incendies ciblés, tags militants, vidéos publiées sur Telegram, etc. Ce patchwork d’actions rend difficile une attribution à un groupe structuré unique. Le parquet national antiterroriste a tout de même ouvert une enquête pour :

  • Association de malfaiteurs terroriste,
  • Tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique,
  • Dégradations en bande organisée.

Une inquiétude grandissante chez les personnels pénitentiaires

Les syndicats, en première ligne, parlent d’« attaque frontale contre la République ».

« Les collègues se posent des questions et ils ont peur. On cible notre institution, ça ne fait pas de doute. »

Dominique Gombert, de FO Justice

Une surveillante de prison témoigne anonymement à TF1 : « Ils ont commencé par les véhicules, mais on ne sait pas si demain, ce seront nos domiciles. »

Parmi les revendications syndicales immédiates :

  • Renforcement de la sécurité autour des établissements,
  • Possibilité pour les agents de garer leur véhicule à l’intérieur des enceintes,
  • Présence policière permanente en périphérie des prisons.

Une réponse ferme de l’État

Face à l’ampleur des attaques, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé un renforcement immédiat de la protection des agents et des établissements, tout en martelant que « la réponse de l’État devra être implacable ».

Gérald Darmanin a également déclaré depuis Toulon :

« Quand on tire à la kalachnikov sur une porte de prison, c’est une tentative d’intimidation inacceptable. Mais la République ne cédera pas. »

Gérald Darmanin

Le gouvernement promet un suivi attentif de l’enquête, tandis que les syndicats attendent des actions concrètes et durables.

Une affaire qui soulève des questions plus larges

Ces attaques posent de sérieuses questions sur :

  • La sécurisation des sites pénitentiaires en France ;
  • La montée en puissance de l’hostilité envers l’administration pénitentiaire ;
  • La pression croissante des réseaux criminels face aux politiques carcérales répressives.

Derrière la violence de ces actes se cache une tension croissante autour de l’univers carcéral, de ses enjeux sécuritaires mais aussi de ses conditions de détention controversées.


Sur annuaire-prisons.fr, nous continuerons de suivre de près cette affaire et de relayer toutes les informations utiles à ceux qui ont un proche incarcéré, à ceux qui travaillent en détention, et à toutes celles et ceux qui s’intéressent aux évolutions du monde pénitentiaire.

Sources : LeMonde.fr, Francetvinfo, Liberation, Le Figaro, Huffingtonpost.