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Surpopulation carcérale : record battu en juillet 2024

enceinte prison mur tour d'observation

Au 1er juillet 2024, la surpopulation carcérale atteint des sommets dans nos prisons françaises. Un nouveau record vient d’être battu par les maisons d’arrêts et centres de détention qui accueillent désormais plus de 78 509 détenus. Contraintes de dormir à même le sol, certaines personnes écrouées attendent encore d’être jugées. Que prévoit l’État pour mettre un terme aux conditions indignes dans lesquelles évoluent ses détenus et son personnel pénitentiaire ?

78 509 détenus dans les prisons françaises en juillet 2024

Au 1er juillet 2024, le ministère de la Justice a communiqué des chiffres inquiétants. Ces dix derniers mois, le nombre de détenus n’a cessé d’augmenter, et les tristes records dévoilés il y a peu ont largement été surpassés. La surpopulation carcérale qui sévit au sein de nos prisons françaises atteint des sommets.

Désormais, ce ne sont pas moins de 78 509 personnes qui évoluent chaque jour dans des cellules surpeuplées, alors que les locaux vétustes de nos prisons ne sont définitivement pas conçus pour accueillir dans des conditions humaines autant de détenus.

Les établissements pénitentiaires, initialement conçus pour recevoir 61 869 détenus

Initialement, les établissements pénitentiaires français ont été conçus pour accueillir 61 869 personnes condamnées ou en attente de jugement. Ce nombre de places permettait à chaque détenu d’avoir assez d’espace pour préserver sa santé mentale.

Pourtant, depuis de nombreuses années, la surpopulation carcérale sévit et rares sont les personnes écrouées dont les droits fondamentaux sont respectés. Car entasser dans quelques m2 plusieurs personnes pendant la majeure partie de la journée est désormais devenu courant, et ce, malgré les séquelles et risques que représente ce mode d’enfermement inhumain.

3526 personnes condamnées à dormir à même le sol

Selon les derniers chiffres révélés par le ministère de la Justice et l’OIP, les détenus seraient désormais 3 536 à être condamnés à dormir à même le sol. Pour s’organiser, les surveillants pénitentiaires sont contraints d’ajouter aux cellules un, voire plusieurs matelas qui, faute de lits, trouveront pour la nuit une place à même le sol.

La canicule, les insectes et l’humidité des prisons les plus vétustes atteignent ainsi de plein fouet la dignité des personnes qui, condamnées parfois pour des faits dérisoires, se retrouvent à évoluer dans des conditions de détention similaires à celles de pays soi-disant moins développés que la France.

Des maisons d’arrêt occupées à 200 % par des personnes en attente de jugement

Les établissements pénitentiaires les plus touchés par la surpopulation carcérale sont une fois de plus les maisons d’arrêt. Ces structures, prévues pour accueillir les détenus qui purgent une courte peine sont désormais remplies de personnes présumées innocentes qui attendent leur jugement. Certains quartiers seraient d’ailleurs occupés à 200 %, ce qui n’est pas sans danger pour ceux contraints de passer la majeure partie de leur journée dans des cellules surpeuplées.

matelas au sol cellule prison

De sévères risques pour la santé physique et mentale des détenus

Évoluer dans une pièce conçue pour deux personnes lorsqu’on est beaucoup plus nombreux donne fréquemment lieu à des explosions de violence. La canicule, les lenteurs de la justice, le manque de sommeil et la proximité sont naturellement source de conflits et il n’est pas rare de voir des co-détenus se déchirer.

Aussi, évoluer dans un espace restreint pendant une longue durée peut impacter la santé mentale de ceux qui subissent la surpopulation carcérale tandis que la prolifération de maladies et leur propagation se font d’autant plus rapidement en prison.

Les conditions de travail des surveillants détériorées par la surpopulation carcérale

Loin d’être épargnés, les surveillants pénitentiaires déplorent eux aussi le fait qu’ils soient tout à fait délaissés face au fléau que représente la surpopulation carcérale. En effet, ces derniers doivent mener de front la gestion de la violence des détenus, l’organisation des cellules qui débordent et l’accueil incessant de nouveaux condamnés. À bout de nerfs et souvent malmenés, ils se sentent bien souvent oubliés par l’État et la justice.

La France, dans le viseur de l’Europe pour ses conditions de détention indignes

Depuis plusieurs années déjà, la France est rappelée à l’ordre par l’Europe et sanctionnée pour les conditions de détention indignes qu’elle offre à ses détenus. Pour éviter que les esprits ne s’échaudent, des mesures ont été prises et des projets évoqués. Ils restent toutefois insuffisants pour assurer aux personnes condamnées par la justice le respect de leurs droits fondamentaux.

Des solutions insuffisantes pour limiter le nombre de détenus en prison

Le recours plus fréquent aux aménagements de peine, l’interdiction d’incarcérer une personne condamnée à moins d’une année de prison et le développement des TIG sont autant de mesures qui ont été prises par la justice française pour tenter d’endiguer la surpopulation carcérale qui subit dans nos prisons. Hélas, ces dernières n’ont pas porté leurs fruits puisque depuis 10 mois déjà, le nombre de personnes placées en détention ne cesse d’augmenter.

Le record est encore battu, avec 78 969 détenus au 1er septembre 2024.

La construction de 18 000 places de prison prévue pour 2027

Une autre solution a été récemment évoquée par le gouvernement pour offrir des conditions de détention plus humaines aux personnes écrouées. La construction de 18 000 places de prison supplémentaires est effectivement prévue d’ici 2027. Néanmoins, ce projet a d’ores et déjà pris du retard et si l’on se fie à l’évolution du nombre de personnes placées en prison chaque année, tout porte à croire que d’ici là, les nouvelles cellules seront déjà toutes surpeuplées et que de nouveaux records seront à déplorer.