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Surpopulation carcérale : le directeur des prisons d’Occitanie ne peut plus accueillir de détenus  

surpopulation carcérale en Occitanie

Le 11 octobre dernier, le directeur interrégional des services pénitentiaires de la région Occitanie a annoncé ne plus être en mesure d’accueillir de nouveaux détenus. À la maison d’arrêt de Nîmes, mais aussi à Carcassonne et à Toulouse, les conditions de détention sont tellement altérées que les détenus pourraient bien être refusés à l’entrée des prisons. Lumière sur l’inhumanité qui règne dans les établissements pénitentiaires de la région.

La direction des services pénitentiaires d’Occitanie à bout de nerfs

Après plusieurs années passées à s’adapter aux lacunes du système carcéral, le directeur interrégional des services pénitentiaires de la région Occitanie est à bout de nerfs. Dans les maisons d’arrêt dont il assure la gestion, les détenus évoluent dans des conditions indignes, à cause d’une surpopulation carcérale qui n’est pas prise en considération par l’État, ni par la justice qui condamne à tour de bras.

Dans un courrier rédigé le 11 octobre dernier à l’attention des hauts magistrats de la région Occitanie, ce dernier lance un appel à l’aide. Avec un taux d’occupation qui atteint 240 % dans la maison d’arrêt de Nîmes, ce dernier annonce ne plus être en mesure d’accueillir de nouveaux détenus.

Une surpopulation carcérale comprise entre 205 et 240 % dans les prisons occitanes

Il faut dire qu’à Nîmes, 480 personnes sont incarcérées pour seulement 200 places. À Carcassonne, ce sont 147 détenus qui évoluent pour 64 places seulement, tandis qu’à Toulouse, 1 187 prisonniers tentent de survivre dans des cellules conçues pour en accueillir seulement 580.

Pour se représenter le quotidien de ceux qui ont été condamnés à une peine de prison puis affectés à l’un de ces établissements, il suffit d’imaginer les 1,28 m2 d’espace personnel dont chacun dispose en cellule.   

Des conditions de détention inhumaines et des alternatives qui atteignent leurs limites

En plus d’une promiscuité accrue au sein des prisons d’Occitanie, d’autres désagréments aggravent les conditions de détention des détenus. Les cafards et punaises de lit ont élu domicile dans les cellules et coursives, ce qui alimente encore davantage les tensions entre personnes écrouées. Apeurés à l’idée d’être agressés s’ils s’aventurent dehors, certains préfèrent se priver de promenade, quitte à passer leurs journées entières dans une cellule surpeuplée.

Jusqu’ici, le directeur des prisons de la région, Stéphane Gely, a toujours assumé les difficultés qu’il pouvait rencontrer au sein des maisons d’arrêts et centres de détention dont il assure la gestion. Ajouter des matelas au sol, transférer des détenus vers des quartiers moins surpeuplés, accorder des remises de peine lorsque cela est possible ou encore héberger dans des cellules de semi-liberté des personnes qui seront bientôt libérées sont autant d’initiatives prises par le DISP.

C’est à bout de souffle et sans autre solution que de refuser de nouvelles arrivées que ce dernier a décidé d’alerter les autorités sur la situation. Dans la lettre adressée aux hauts magistrats d’Occitanie, le patron des prisons se montre alarmant :

« J’estime que nos conditions de détention dans nos maisons d’arrêt sont indignes et engagent la responsabilité de l’État ».

Les hauts magistrats appelés à l’aide par une lettre rédigée par le DISP

Tout en insistant sur le fait qu’il soit profondément respectueux de l’indépendance de la magistrature, Stéphane Gely sollicite aujourd’hui l’aide de la justice. En évoquant l’indignité qui règne dans ses prisons et le « sens de la peine », il espère limiter le nombre d’incarcérations dans ses maisons d’arrêt et bénéficier de réelles solutions pour réduire les chiffres alarmants de la surpopulation carcérale à Nîmes, Toulouse ou encore Carcassonne.

3 condamnations par l’Europe évoquées par le directeur des prisons d’Occitanie

Il rappelle par ailleurs que la Cour européenne des droits de l’homme a, à trois reprises, au cours des 4 dernières années, condamné la France pour les traitements inhumains infligés à ses détenus.

Il souhaite par ce rappel alerter les magistrats qui, s’ils adaptent leurs décisions, pourraient rapidement contribuer à limiter les effets de la surpopulation catastrophique que subissent les prisons d’Occitanie.

Les conditions de travail du personnel pénitentiaire encore évoquées dans ce message d’alerte

Le personnel pénitentiaire n’a pas été oublié par le directeur des prisons de la région Occitanie. Dans son message, clair, mais impactant, ce dernier rappelle que des hommes et des femmes sont chaque jour contraints de s’adapter à la violence et à l’inhumanité des prisons surpeuplées. Il évoque des conditions de travail particulièrement difficiles et dégradées, mais affirme craindre également des débordements dans les rangs des surveillants.

Sources : lepoint.fr