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La prévention du suicide en prison

Chaque année, plus d’une centaine de détenus français mettent fin à leurs jours au sein même de leur établissement pénitentiaire. En effet, les codétenus et surveillants sont nombreux à avoir déjà constaté avec effroi un suicide par pendaison survenu en cellule ou à l’isolement. Pour limiter les risques, la prévention du suicide tient une grande place en prison. Voici comment les autorités œuvrent pour tenter de prévenir le mal-être des détenus

détenu suicidaire en prison
Sommaire
prévention du suicide en prison

Quelles sont les principales raisons qui poussent les détenus au suicide ?

Tous les deux ou trois jours, une personne condamnée à une peine de prison décède au sein même de sa cellule. La plupart du temps, par suicide. Mauvaise élève en ce qui concerne les conditions de détention offertes à ses détenus, la France est aussi l’un des pays concernés par le plus haut niveau de suicide de l’Europe. Cela s’explique par différents facteurs, majoritairement liés à une mauvaise gestion des décisions de justice, qui enferment davantage qu’elles ne préviennent.

Voici les principales raisons qui poussent les détenus les plus vulnérables à commettre l’irréparable, plutôt que de se rapprocher d’une oreille attentive qui aurait pourtant peut-être pu éviter un suicide supplémentaire survenu en prison.

L’incertitude en détention provisoire

Selon les chiffres du ministère de la Justice, les suicides survenus en prison sont d’autant plus nombreux chez les personnes prévenues que celles qui sont condamnées. En effet, pendant une durée plus ou moins longue, il arrive que des détenus soient en attente d’être jugés, dans une maison d’arrêt bien souvent surpeuplée, ce qui est propice à choc carcéral encore plus brutal.

En détention provisoire, les personnes écrouées passent la majeure partie de leurs journées enfermées dans des cellules fermées, avec d’autres co-détenus et sont parfois contraintes de dormir sur un matelas à même le sol, parfois en période de canicule. Dans une telle situation, il est normal de se poser des questions, notamment au sujet de l’avenir.

Lorsque les faits reprochés à une personne encore présumée innocente sont particulièrement graves et que le début de la détention est particulièrement mal vécu, il n’est pas rare de la voir sombrer dans la dépression et développer des troubles suicidaires. Si le personnel pénitentiaire ne parvient pas à les détecter, le pire est à craindre.

L’isolement des quartiers disciplinaires, propice aux suicides

Certaines personnes écrouées sont particulièrement vulnérables lorsqu’elles sont confrontées à un isolement forcé. Après avoir passé plusieurs mois, voire années, à partager une petite cellule à deux, voire à trois, un placement en quartier disciplinaire, ou au mitard, peut être particulièrement difficile à gérer émotionnellement.

C’est pourquoi le placement d’un détenu à l’isolement est particulièrement risqué lorsque ce dernier présente des signes de troubles dépressifs. En effet, chaque année, des centaines de personnes incarcérées sont retrouvées décédées dans le quartier disciplinaire où elles étaient placées à titre de sanction. Face à elles-mêmes, ces dernières ont dû céder au suicide pour mettre un terme à leur douleur.

La rupture des liens familiaux et sociaux

Si certains détenus peuvent compter sur le soutien infaillible de leurs proches pendant toute la durée de leur incarcération, d’autres ont vu leur famille leur tourner le dos. Quand des faits graves sont reprochés à une personne condamnée, il n’est pas rare de voir ses parents, ses enfants, ses amis et sa proche famille éviter les parloirs et les courriers.

Une telle rupture des liens familiaux peut être compréhensible, notamment lorsque les proches du détenu ont été impactés par ses faits, mais elle n’est toutefois pas sans conséquences pour sa santé mentale. En effet, les personnes les plus isolées en prison sont celles qui présentent le plus de risques de se suicider. Régulièrement, des détenus qui n’ont jamais ou que très peu été visités par leurs proches sont retrouvés décédés par le personnel pénitentiaire.

La culpabilité et le regard des autres détenus

La pédophilie, la violence à l’encontre des enfants ou des femmes ainsi que les meurtres perpétrés sur une personne vulnérable sont largement sanctionnés en prison, non pas par la justice, mais par les autres détenus. En effet, les personnes écrouées qui ont vent d’un nouvel arrivant condamné pour de tels actes font souvent courir la rumeur rapidement et ce dernier subit alors des menaces, des violences et des insultes pendant toute la durée de sa peine.

Régulièrement, les personnes condamnées pour de tels faits se suicident en prison, par culpabilité et pour fuir le regard de leurs pairs. Pour prévenir de tels risques, l’administration pénitentiaire isole généralement ces détenus vulnérables des autres personnes incarcérées.

La dégradation des conditions de détention dans les prisons de France

Ces dernières années, les détenus ont vu leurs conditions de détention se détériorer. En plus de la surpopulation carcérale qui contraint ces derniers à partager de petites cellules à plusieurs, les locaux vétustes qui les accueillent sont devenus inadaptés. La chaleur, le froid, le manque d’hygiène et l’accès irréguliers aux douches sont autant de faits qui impactent le quotidien et le moral des personnes enfermées.

À force d’être sans cesse à proximité d’autres détenus et de ne bénéficier d’aucun moment pour s’isoler, de nombreux détenus développent des troubles de la santé mentale et peuvent, si rien n’est fait, développer également des idées suicidaires et passer à l’acte.  

Comment intervient la prévention contre le suicide en prison ?

Pour que les chiffres inquiétants qui concernent le suicide et qui sont délivrés chaque année par le ministère de la Justice soient revus à la baisse, l’administration carcérale intervient davantage contre le risque de suicide en prison. Voici comment dans les établissements pénitentiaires, le personnel œuvre en faveur de la prévention des risques.

Le personnel pénitentiaire formé pour évaluer les risques de suicide

Dès leur arrivée en prison, les surveillants pénitentiaires sont formés pour évaluer le potentiel qu’un détenu a de se suicider. Par ailleurs, les détenus qui viennent d’entrer dans un établissement pénitentiaire passent dans un premier temps quelques jours au quartier des arrivants. C’est ici que le comportement de ces derniers est surveillé afin de réduire les effets du choc carcéral et que les décisions relatives à son affectation en cellule sont prises.

Si la personne qui vient d’être condamnée à une peine de prison est susceptible de se suicider, un suivi psychologique et un traitement pourront être prescrits tandis que le personnel sera informé du fait que cette dernière nécessite une surveillance accrue.

Des équipements spécifiques pour prévenir les crises suicidaires

Pour prévenir les crises suicidaires, des cellules spécialement aménagées sont disponibles dans certaines prisons françaises. Au sein de ces dernières, les meubles sont scellés au sol tandis que tout objet susceptible d’être utilisé pour s’autodétruire y est interdit. Quand un détenu présente un risque suicidaire, ses lacets lui sont retirés tandis que tout au long de la crise dépressive, il est surveillé par l’unité sanitaire et par le personnel formé.

Notez que les cellules sont en prime désormais équipées d’interphones. Ainsi, lorsqu’un détenu détecte un comportement anormal chez son codétenu, le personnel pénitentiaire peut immédiatement être alerté.

La lutte contre l’isolement au quartier disciplinaire

Pour que les détenus sanctionnés au mitard vivent cette épreuve moins difficilement alors qu’ils sont recensés par l’administration pénitentiaire comme potentiellement suicidaires, des aménagements sont déployés. Par exemple, une radio peut leur être délivrée alors que cela est normalement prohibé. Aussi pour rompre l’isolement et éviter tout risque de suicide, un accès au téléphone peut leur être accordé.

Davantage de communication entre les membres de la communauté carcérale

Enfin, pour prévenir le risque de suicides en prison, l’administration pénitentiaire met à contribution l’intégralité de la communauté carcérale. Les détenus, les associations, les familles de personnes écrouées, les autorités judiciaires et le personnel pénitentiaire sont mobilisés, grâce à davantage de communication autour de la prévention du suicide, pour prévenir les risques dès lors que les premiers signaux alarmants apparaissent.

homme avec pensées suicidaires à côté d'une infirmière en prison

Questions fréquentes concernant le suicide en prison

Certains signes avant-coureurs doivent vous inquiéter. Si votre proche incarcéré vous exprime sont intention de se suicider, présente des troubles du sommeil, perd l’appétit, se néglige, manque soudainement d’hygiène, vous fait don d’effets personnels et fait preuve de désespoir ou de découragement, vous devez agir.

Si vous êtes inquiet, car votre proche détenu parle de se suicider, vous devez dans un premier temps signaler la situation au personnel pénitentiaire. À l’occasion d’un parloir, en rédigeant un courrier au CPIP de votre proche incarcéré ou directement à la direction de la prison, vous pourrez faire en sorte que le membre de votre famille soit davantage surveillé.

Aussi, des « boîtes aux lettres vertes » sont installées à l’accueil des familles de la majeure partie des établissements pénitentiaires. Glissez-y un courrier qui mentionne vos inquiétudes concernant le risque de suicide de votre proche détenu pour que votre signalement soit pris en compte dans les plus brefs délais.

En 2023, 125 personnes incarcérées se sont suicidées en prison. Cela représente environ un décès tous les 3 jours. Chaque année, les détenus se suicident six fois plus que les citoyens qui vivent en liberté. Cela est dû principalement au choc carcéral, aux conditions de détention détériorées, à la culpabilité et à la rupture des liens familiaux. La prévention joue un rôle important pour limiter les comportements à risque.