La pratique de la religion en prison
Accueil » La pratique de la religion en prison
- Date de dernière mise à jour : 4 octobre 2024
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les prisons sont emplies de croyants. En effet, les quelques 1 662 aumôniers qui exercent la pratique de la religion en milieu carcéral sont non seulement sans cesse sollicités par les personnes condamnées, mais aussi par leurs proches. Découvrez ici la place que prennent Dieu et la foi dans le quotidien des détenus ainsi que les moyens mis en œuvre par le système pénitentiaire, les pasteurs, rabbins et imams afin qu’ils puissent pratiquer librement leur religion en détention.
Peut-on pratiquer librement sa religion en détention ?
Dès leur arrivée en détention, de nombreux détenus se considérant comme athées à l’extérieur de la prison développent le besoin de se rapprocher de Dieu. Il faut dire que l’aumônier qui intervient en milieu carcéral est l’un des premiers interlocuteurs que ces derniers rencontrent au quartier des arrivants, et que sa présence réconfortante offre un soutien indispensable à ceux qui sont confrontés au « choc carcéral ».
Pour que le besoin qu’ont de nombreux individus de pratiquer leur religion, et ce malgré la prison, soit satisfait, l’administration carcérale, et quelque 1 662 aumôniers organisent tout au long de l’année des temps de prières, d’enseignement ainsi que d’autres dispositifs qui permettent aux musulmans, catholiques, protestants, juifs, témoins de Jéhovah, bouddhistes et orthodoxes de conserver leur foi.
La religion, omniprésente dans le quotidien des détenus
Au quotidien, les détenus sont nombreux à prier, à jeûner en période de ramadan, à fêter Noël grâce à des colis envoyés par la famille ou encore à célébrer Shabbat. Omniprésente en prison, la religion offre un bol d’air aux personnes privées de liberté, permet de rassembler et d’apaiser les consciences.
Prier chaque semaine en groupe, c’est aussi l’occasion de quitter sa cellule, l’office religieux qui est tenu de manière hebdomadaire par divers aumônier permet à ceux qui passent la majeure partie de leur journée enfermé, à plusieurs, dans quelques m2, d’accéder au privilège de quitter quelques heures un lieu clos.
Prier, une activité qui permet de garder la foi malgré l’épreuve de la prison
Entrer en détention, c’est se heurter au choc carcéral qui compromet parfois la santé mentale de ceux qui sont écroués. En effet, se familiariser avec des équipements défaillants, avec la proximité soudaine avec d’autres détenus, avec la précarité et les nombreuses règles de l’administration pénitentiaire est parfois compliqué. Pour passer cette épreuve avec plus de facilités, certains détenus font naturellement le choix de se rapprocher de Dieu.
Pourquoi de nombreux détenus se rapprochent-ils de Dieu en prison ?
Si la religion tient une place aussi grande en prison, c’est pour diverses raisons. Si cela s’explique en partie par le fait que les détenus croyants l’étaient déjà avant la détention, la forte recrudescence de personnes athées qui développent la foi entre les murs des établissements pénitentiaires révèle d’autres motifs.
Une culpabilité qui pousse à la recherche de la rédemption
Quand on est incarcéré, notamment lorsque les faits sont particulièrement graves, il n’est pas rare d’être confronté à un sentiment lourd : la culpabilité. Si certaines personnes ne se sentent pas concernées par le sort de leurs victimes, nombreux sont les détenus qui développent des remords envers elles, ou qui ne trouvent pas le sommeil en pensant à l’épreuve qu’ils font aussi subir à leur famille. Pour trouver la rédemption, certains se rapprochent de la religion, et notamment des aumôniers qui offrent un soutien précieux pendant cette période charnière.
Le moyen de trouver du soutien dans l’épreuve que représente la privation de liberté
Car quels que soient les faits reprochés aux détenus qui évoluent en milieu carcéral, les 1 600 aumôniers qui se déplacent de prisons en prison pour tenir la messe, organiser des temps de prières et enseigner les préceptes de la religion se montrent ouverts. Ces derniers pardonnent volontiers, réconfortent, aident et accompagnent ceux qui troquent parfois volontiers leurs pensées suicidaires contre le soutien de Dieu.
Une manière de se protéger grâce au sentiment d’appartenance que délivre le culte
Rejoindre le culte en prison, ou l’office tenu par un aumônier certifié, c’est également assurer sa sécurité lorsqu’on se sent menacé. En effet, pratiquer la religion en prison, c’est ressentir le sentiment d’appartenance à une communauté et s’assurer du soutien en cas de litige avec d’autres détenus. Pour se protéger, certains n’hésitent pas à se convertir en détention et ainsi se fondre dans la masse d’un groupe croyant et solidaire.
Quelles sont les religions qui peuvent être pratiquées en prison ?
Toutes les religions sont représentées en prison et chaque détenu est libre de faire appel à l’aumônier de son choix pour s’élever dans sa foi. Si les bouddhistes, les orthodoxes et les israélites sont moins représentés, notamment parce qu’ils sont moins souvent incarcérés au sein des établissements pénitentiaires français, quelques professionnels agréés par la direction de l’administration pénitentiaire leur viennent en aide lorsqu’ils en ressentent le besoin. Voici les principales religions que l’on peut pratiquer sans difficulté en détention.
Les musulmans invités à prier chaque vendredi
En France, 231 aumôniers interviennent quotidiennement dans les établissements pénitentiaires. Les imams certifiés viennent prodiguer des enseignements aux musulmans qui sont invités chaque vendredi à rejoindre un temps de prière collective. Pratiquer sa religion est chose aisée pour la communauté musulmane qui évolue en détention, grâce au soutien de nombreux intervenants prêts à accompagner les détenus, mais également leurs proches.
Les visites hebdomadaires de pasteurs au culte pour les chrétiens
Les catholiques peuvent aussi exercer librement leur religion en prison et quelques 720 aumôniers viennent quotidiennement les aider dans l’épreuve qu’ils subissent. En plus de tenir l’office et les messes régulières, notamment à Pâques ou à Noël, ces derniers peuvent interagir avec l’association du Secours catholique pour apporter davantage de soutien aux familles et aux personnes incarcérées qui disposent de faibles ressources.
Les détenus juifs visités par un aumônier sur demande
Moins nombreux, mais tout de même présents dans certains établissements pénitentiaires, les israélites peuvent eux aussi pratiquer leur religion librement en détention. Sur demande, ces derniers peuvent faire intervenir l’un des 74 rabbins habilités à exercer en prison, mais aussi solliciter l’administration pénitentiaire pour partager une cellule avec l’un des leurs.
En effet, à l’heure où le conflit israélo-palestinien sévit de l’autre côté de la terre, partager un espace confiné avec quelqu’un qui ne partage ni ses idées ni certains rituels religieux, comme le Shabbat, peut être source de litiges inutiles.
Les témoins de Jéhovah accompagnés dans leur foi
En prison, de nombreux témoins de Jéhovah évoluent, et ce, du côté des hommes comme des femmes. Pour soutenir les membres de leur communauté incarcérés, quelques 191 aumôniers interviennent également en milieu carcéral.
Des temps de prière sont organisés par ces derniers pour les leurs, mais aussi pour les nouveaux adeptes rencontrés au sein même des établissements pénitentiaires.
Comment la religion se vit-elle en prison ?
Différentes manières de mener leur religion sont possibles pour les détenus qui ont la foi. En effet, si certains font le choix de prier Dieu de leur côté, d’autres se rassemblent et saisissent chaque festivité pour pratiquer dans des conditions offertes par le système carcéral.
Des prières collectives chaque semaine
La foi en prison se manifeste principalement par les temps de prières collectives alloués chaque semaine par l’administration pénitentiaire. Ces entrevues se déroulent en groupe, dans une salle que l’on nomme « le culte », qui est mise à disposition des détenus musulmans, chrétiens, juifs ou encore témoins de Jéhovah lorsqu’un aumônier les accompagne dans leurs moments de recueillement.
Le Ramadan, un mois sacré célébré en détention
Le Ramada, mois sacré, est généralement fêté dignement en prison. Si les concernés peuvent cantiner des produits pour cuisiner des mets appréciés lors de ces célébrations, les plus modestes, eux, peuvent partager avec eux ou se voir remettre des colis alimentaires par les aumôniers.
Si la journée, les détenus musulmans jeûnent, la nuit permet de partager des repas dans une atmosphère propre à cette fête religieuse. Pour l’occasion, des temps de prières collectives supplémentaires sont parfois organisés par les imams certifiés qui interviennent en milieu carcéral.
Les fêtes de Noël et les colis des familles
Pour les catholiques, mais pas seulement, les fêtes de Noël sont également l’occasion d’être autorisés à recevoir un colis de fêtes de fin d’années dont le contenu est particulièrement plus alléchant que les effets personnels autorisés à entrer aux parloirs.
Pour l’évènement, certaines denrées alimentaires peuvent être préparées par les familles pour leurs proches écroués tandis que des messes spéciales sont organisées par les prêtres qui interviennent en prison.
Shabbat en prison, une pratique plus rare, mais conservée
Chaque semaine, les détenus de confession juive peuvent pratiquer Shabbat s’ils le souhaitent, mais cela est généralement possible que lorsque les codétenus sont également israélites. En effet, vivre sans téléviseur ni lumière pendant 24h est une faveur difficile à demander à une personne non croyante, c’est pourquoi ces derniers ont tendance à solliciter un placement en cellule individuelle ou avec une autre personne condamnée juive.
Comment les aumôniers aident-ils les détenus et leurs familles ?
En plus d’organiser les messes, offices et temps de prières, les aumôniers accompagnent les détenus et leurs proches lorsqu’ils rencontrent des difficultés. Voici le type de soutien qu’apportent ces professionnels agréés aux personnes condamnées qui pratiquent la religion ou non en prison.
Des colis distribués aux croyants pendant les fêtes
Pendant le Ramadan ou pour Noël, les aumôniers délivrent bien souvent aux plus modestes des colis alimentaires qui permettent aux musulmans de rompre leur jeûne dans des conditions dignes et aux chrétiens de bénéficier d’un repas plus conséquent pendant les fêtes. Lors de difficultés financières, les croyants peuvent solliciter ces interlocuteurs pour bénéficier d’aides exceptionnelles. Ils interviennent bien souvent aux côtés d’associations habilitées à soutenir les plus démunis.
Des objets de culte distribués aux personnes incarcérées
Les aumôniers peuvent délivrer des chapelets, des bibles, des corans, des tapis de prières et d’autres objets de culte aux détenus désireux de pratiquer leur religion en cellule ou dans une pièce dédiée.
Loin d’être anodin, ce don représente pour les personnes condamnées un véritable soutien qui leur permet de remonter la pente lorsqu’ils se sentent isolés ou en difficulté pendant leur période de détention.
Des familles accompagnées et orientées par les aumôniers de la prison
Les familles de détenus sont aussi nombreuses à consulter l’aumônier de la prison afin de lui faire part d’inquiétudes au sujet de la santé ou du moral d’un proche écroué, des difficultés liées à la situation ou encore des problèmes financiers rencontrés après le placement en prison de leur conjoint. Ces experts en religion œuvrent en faveur des détenus, mais aussi de ceux qui sont malgré eux confrontés à la même peine et qui vivent difficilement la vie en marge de la prison.
Sources : lemonde.fr – lexpress.fr
Questions fréquentes au sujet de la religion en prison
Peut-on trouver de la nourriture hallal en prison ?
Oui, les détenus musulmans peuvent cantiner des produits hallal depuis le catalogue qui leur est délivré par l’administration. Certains établissements pénitentiaires proposent davantage de variétés de produits hallal que d’autres, mais il existe toujours la possibilité de s’alimenter selon ses convictions religieuses.
Comment les détenus indigents musulmans peuvent-ils éviter le porc ?
Les détenus indigents n’ont généralement pas d’argent pour cantiner et doivent par conséquent se nourrir des repas servis par l’administration pénitentiaire. Or, ces derniers ne tiennent pas compte de la religion de chacun. Pour éviter le porc ou la viande qui n’est pas hallal, les détenus musulmans doivent demander à faire retirer la viande de leur plat. Celle-ci n’est toutefois pas remplacée par une autre denrée alimentaire.
Quelle est la religion la plus répandue en prison ?
En prison, c’est la religion musulmane qui est la plus répandue. En effet, selon les chiffres révélés par l’Express, 50 à 80 % de la population carcérale serait de confession musulmane. Si l’on se fie au nombre d’aumôniers qui sont sollicités par les prisons, on estime qu’une large proportion de détenus pratique la religion catholique et que les témoins de Jéhovah sont également nombreux en détention.
Quelle est la religion la moins répandue en prison ?
Là encore, aucune étude fiable n’a été publiée, notamment parce qu’il est interdit de distinguer les personnes en fonction de leur religion. Néanmoins, les chiffres qui concernent la confession des aumôniers révèlent que les bouddhistes et les orthodoxes sont moins nombreux à être condamnés à une peine de prison.
Démarches pour les membres de la famille et proches des détenus