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La drogue dans les prisons françaises

En 2022, pas moins de 18 187 saisies de produits stupéfiants ont été dénombrées par le ministère de la Justice dans les prisons françaises. La drogue, omniprésente dans les cellules et coursives des prisons, circule plus qu’ailleurs malgré les sanctions encourues par les consommateurs et la violence qu’elle génère.

Sommaire
drogue en prison
drogue en prison infographie

Quels sont les produits stupéfiants les plus saisis dans les prisons françaises ?

La drogue en prison est omniprésente. Dans les coursives des établissements pénitentiaires, il n’est pas rare de sentir les effluves d’un joint de beuh fraîchement roulé.

Car l’addiction au stupéfiant ronge plus de la moitié des détenus, parfois prêts à tout pour s’approvisionner malgré la détention. Régulièrement, des saisies sont effectuées par les autorités pénitentiaires et les chiffres sont loin d’être concluants. Malgré l’isolement provoqué par une mise sous écrou, plus de 18 187 saisies de drogues ont eu lieu en 2022.

95 % de la drogue saisie est liée au cannabis

Dans les effets personnels des détenus, au sein de leur cellule ou encore dans leurs sous-vêtements au retour d’un parloir, les surveillants ont saisi l’an dernier de nombreux stupéfiants dont la majeure partie était liée au cannabis.

En effet, 95 % des drogues qui circulent en prison sont fumées par les détenus. Le shit et la beuh, connus pour leurs vertus apaisantes, calment les nerfs des personnes écrouées, mais provoquent aussi parfois des rixes à cause des trafics qu’ils engendrent.

D’autres drogues dures circulent dans les établissements pénitentiaires

Les autres drogues saisies par les autorités pénitentiaires lors de fouilles sont encore plus dangereuses. De l’héroïne, de la cocaïne et d’autres médicaments sont bien souvent détectés dans les cellules des détenus qui sont nombreux à souffrir d’addictions aux stupéfiants. Pour se procurer un shoot, certains n’hésitent pas à vider leur pécule ou à se prostituer, alimentant encore davantage la précarité et la violence en milieu carcéral.

Comment les détenus parviennent-ils à obtenir de la drogue en prison ?

Se procurer de la drogue en prison est parfois plus aisé que d’accéder à certains produits cantinables comme la cigarette. En effet, lorsqu’un codétenu consomme des stupéfiants, il est possible de partager, mais il est aussi possible d’acheter du cannabis directement dans la cour de promenade ou auprès d’un dealer, comme c’est aussi le cas pour les boissons alcoolisées.

Si le coût de la drogue est beaucoup plus élevé dans les établissements pénitentiaires que dehors, le shit, la beuh et la cocaïne restent accessibles à ceux qui alimentent leur addiction quotidiennement.

Des stupéfiants jetés par-dessus les murs de la prison

Pour que la drogue puisse entrer en prison et alimenter les milliers de détenus qui consomment des stupéfiants, des  « parachutages » ont fréquemment lieu. À l’aide de drones ou tout bonnement grâce à un lancer particulièrement entraîné, des personnes de l’extérieur font parvenir des colis bien emballés aux personnes écrouées qui parviennent à les repêcher en regorgeant d’inventivité.

Des drogues qui entrent avec les visiteurs durant les parloirs

Des quantités astronomiques de stupéfiants arrivent aussi dans les prisons en passant directement par les portes des établissements pénitentiaires. Lors des parloirs, les détenus ne sont plus systématiquement fouillés, par conséquent, il n’est pas rare de voir des membres de la famille glisser dans la main d’une personne écrouée quelques grammes de cannabis ou de cocaïne.

Malgré les risques encourus, les proches de détenus n’hésitent pas à apporter des stupéfiants lors de visites afin que ce dernier n’ait pas à dépenser une fortune ni à se heurter à des trafics douteux, pour s’approvisionner au sein même de la prison.

Quel est l’impact de la présence de stupéfiants en prison ?

L’omniprésence de la drogue en prison, malgré le fait qu’elle soit parfois tolérée par les surveillants pour réduire les risques de violences liées au manque et à l’addiction, n’est pas sans conséquences sur le quotidien des détenus.

Les stupéfiants qui circulent dans les coursives et les cours de promenade ont un impact réel sur la santé physique et mentale de ceux qui la consomment, mais aussi sur celle de ceux contraints de vivre à proximité de ces derniers.

Des conflits en lien avec la drogue qui éclatent dans les cellules de France

Les conflits en lien avec la drogue sont récurrents dans les maisons d’arrêts et centres pénitentiaires français. Parce qu’un détenu n’a pas rendu le service promis en contrepartie de quelques grammes de cannabis ou parce qu’un codétenu a consommé le dernier joint de beuh roulé, la violence éclate.

Des rixes peuvent aussi avoir lieu entre personnes écrouées lorsqu’un nouvel arrivant décide de délivrer des stupéfiants en contrepartie d’argent ou de nourriture et que l’endroit est déjà occupé par un autre dealer.

Des trafics de stupéfiants et des dépenses excessives

La drogue vendue en prison est payée deux voire trois fois plus cher qu’à l’extérieur de la prison. Étant donné que les stupéfiants sont plus difficiles à obtenir à l’intérieur d’un établissement pénitentiaire, les revendeurs affichent des tarifs exorbitants. Pour consommer du cannabis, certains se privent de repas et d’autres n’hésitent pas à rendre des services douteux ou à se prostituer.

Face aux situations de précarité carcérale de plus en plus récurrentes, la consommation de drogue en prison continue d’augmenter. Malgré les risques de sanctions, les détenus n’hésitent plus à transgresser les règles pour pouvoir alimenter leur addiction.

Comment est-ce que l’administration carcérale lutte contre la présence de drogue en prison ?

Les surveillants n’hésitent pas à sanctionner sévèrement les détenus qui détiennent de la drogue. Pour détecter la présence de cannabis dans les cellules des personnes écrouées et aux parloirs, des opérations de police ont parfois lieu tandis que l’administration carcérale déploie de nombreux moyens.

Des fouilles et des saisies réalisées pour détecter la drogue

Les cellules et les parloirs sont régulièrement pris d’assaut par les surveillants et les forces de l’ordre. En 2022, ce ne sont pas moins de 18 187 saisies qui ont eu lieu en France et de nouvelles mesures sont sans cesse prises par les autorités pour limiter le trafic de stupéfiants en prison.

Pour alimenter les établissements pénitentiaires, des drones survolent bien souvent les abords des cellules. Des brouilleurs GPS ont été installés par certaines structures et des agents ont été formés pour détruire les appareils qui acheminent de la drogue aux personnes écrouées.

Des peines de prison supplémentaires pour les détenteurs de stupéfiants

Malgré le fait que les détenus soient bien souvent en possession de drogue dans les prisons françaises, le risque de sanctions est particulièrement élevé. En effet, certaines personnes écrouées ont déjà vu leur peine de prison être allongée de plusieurs années pour détention, trafic ou livraison de stupéfiants.

Les personnes qui pilotent des drones depuis l’extérieur risquent elles aussi très gros. Des amendes pouvant atteindre jusqu’à 75 000 € et des peines de prison peuvent être prononcées contre ces dernières lorsqu’elles sont prises la main dans le sac.

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La drogue dans les prisons françaises : les chiffres de l’étude OFDT

Taux de consommation de drogues en prison

Selon l’enquête ESSPRI menée par l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances Addictives (OFDT), la consommation de drogues en prison reste un problème majeur en France.

L’étude révèle que 41 % des détenus ont déjà consommé des substances illicites pendant leur incarcération. Les drogues les plus couramment utilisées incluent le cannabis et les médicaments détournés de leur usage thérapeutique.

En outre, 21 % des détenus rapportent avoir consommé des drogues injectables, ce qui soulève des préoccupations importantes en matière de santé publique et de sécurité en milieu carcéral.

Ces chiffres mettent en lumière la nécessité d’interventions ciblées pour réduire la consommation de drogues et ses conséquences négatives en prison.

Les défis sanitaires

L’enquête ESSPRI souligne également les défis sanitaires liés à la consommation de drogues en prison. Par exemple, 30 % des détenus ont rapporté des problèmes de santé mentale, souvent exacerbés par l’usage de substances psychoactives.

Le rapport révèle aussi que seulement 25 % des détenus consommateurs bénéficient d’un suivi médical adapté. Ces données montrent l’importance de renforcer les dispositifs de prévention et de traitement des addictions en milieu carcéral, afin de mieux répondre aux besoins de santé des détenus et de réduire les risques associés à la consommation de drogues en prison.

Questions les plus fréquentes au sujet de la drogue en prison

Si certains s’endettent à l’extérieur à cause d’une addiction aux stupéfiants, le prix de la drogue est encore plus cher en prison. En effet, pour s’approvisionner en cannabis, en cocaïne ou en héroïne au sein d’un établissement pénitentiaire, il faut parfois dépenser deux fois plus que dans la rue.

Si votre codétenu consomme des stupéfiants dans votre cellule et que vous êtes inquiet à l’idée d’être accusé de posséder de la drogue, vous pouvez signaler votre situation à la Direction de l’établissement pénitentiaire au sein duquel vous évoluez.

Pour accompagner les détenus dans leur sevrage, des traitements de substitution sont parfois délivrés par les médecins de l’administration pénitentiaire. Les personnes qui ont besoin d’héroïne peuvent compter sur la méthadone pour vivre moins difficilement la période durant laquelle elles sont soignées pour venir à bout de leur addiction.

Aussi, de nombreuses associations agissent en faveur des détenus qui souffrent d’addiction en prison. Un soutien psychologique et des substituts peuvent être apportés par les experts qui interviennent en milieu carcéral pour aider les personnes qui dépendent des stupéfiants.

Le parloir est l’une des portes d’entrée de la drogue qui circule dans le milieu carcéral, par conséquent, les contrôleurs qui accueillent les familles sont particulièrement vigilants pour limiter les risques de voir des objets dangereux ou stupéfiants entrer en prison.

Si lors d’un parloir, un visiteur est pris en flagrant délit en train d’apporter de la drogue à un détenu, il risque non seulement de perdre son permis de visite, mais aussi des poursuites pénales.

S’il est avéré que le détenu était informé de sa démarche, des sanctions pourront aussi être décidées à son encontre.