La cigarette en prison
- Date de dernière mise à jour : 25 juillet 2024
En cellule ou en cours de promenade, les détenus sont nombreux à fumer des cigarettes, qui peuvent être cantinées ou obtenues sous le manteau dans les coursives des établissements pénitentiaires. Si dehors, la contrebande est moins chère, la règle est toute autre au sein des prisons.
Certaines personnes utilisent d’ailleurs le tabac comme monnaie d’échange ou les revendent à prix d’or à ceux qui sont contraints de payer encore plus cher de quoi alimenter une addiction souvent amplifiée au moment d’entrer en prison.
Quelles sont les règles qui entourent la cigarette en prison ?
Selon des chiffres publiés par le Sénat, 80 % des détenus consomment quotidiennement du tabac pendant leur incarcération. 20 % d’entre eux fument même plus d’un paquet de 20 cigarettes chaque jour, conséquence du stress, de l’inactivité et de la possibilité de s’adonner à cette addiction au sein même de sa cellule.
Des détenus fumeurs assignés à des cellules occupées par des fumeurs
Pour préserver la santé des non-fumeurs qui étaient jusqu’alors exposés au tabagisme passif lorsqu’ils étaient placés au sein d’une cellule occupée par des détenus qui consommaient des cigarettes, l’administration tient désormais compte de cette habitude au moment d’assigner un nouvel arrivant à une cellule.
Une habitude nocive ancrée dans le quotidien des détenus
Fumer en prison est une habitude nocive qui est bien ancrée dans le quotidien des personnes écrouées, tout comme la drogue pour certains détenus. L’inactivité, le stress et le tabagisme passif sont autant de raisons qui expliquent que le tabac est consommé par plus de 80 % de la population carcérale.
Par habitude, pour rythmer sa journée ou pour accompagner un café, les détenus allument une cigarette qui vient aussi souvent compenser le manque de drogue ou d’alcool dont ces derniers sont privés en cellule.
Le tabac, facteur de paix sociale en prison
La cigarette est aussi considérée comme facteur de paix sociale en prison et interdire le tabac en cellule pourrait compromettre cette sérénité. En effet, le tabac, de par ses vertus apaisantes, maintient un certain ordre et sert surtout de monnaie d’échange entre détenus.
Échanger un paquet de cigarettes contre un service ou tout autre objet est courant en prison et cela permet de simplifier l’accès à des essentiels du quotidien, tels qu’un paquet de café, de la nourriture ou des produits d’hygiène.
Comment obtenir des cigarettes en prison ?
Pour obtenir des cigarettes en prison, il est possible de passer par le circuit traditionnel, c’est-à-dire par la cantine de l’établissement pénitentiaire, ou encore par une voie alternative : le troc. Il est toutefois préférable de passer par une commande administrée par la prison pour éviter des frais supplémentaires.
De nombreuses marques de tabac présentes dans les cantines des établissements pénitentiaires
Sur le catalogue utilisé par les détenus pour cantiner, une page est exclusivement dédiée à l’achat de tabac. Ici, les détenus peuvent commander leurs marques préférées de cigarettes et s’assurer de quoi tenir jusqu’à la prochaine livraison de produits cantinables en fonction de la fréquence de leur consommation de tabac. Par paquets ou encore par cartouches, les réservations se font exclusivement par commande.
Des cigarettes, du tabac à rouler et des accessoires cantinables
La cantine propose aussi du tabac à rouler, des briquets, des feuilles à rouler, des filtres et d’autres accessoires réservés aux fumeurs. Il est donc possible d’accéder à tous les produits nécessaires directement depuis ce catalogue distribué dans les cellules des établissements pénitentiaires.
Les cigarettes coûtent-elles plus cher en prison ?
Lorsque les détenus commandent leurs paquets de cigarettes depuis la cantine de l’établissement pénitentiaire, les tarifs sont les mêmes que ceux pratiqués par les bureaux de tabac à l’extérieur.
Les personnes écrouées sont également soumises aux augmentations successives du prix du tabac et voient, au même rythme que le reste de la population, les tarifs de leurs marques de cigarettes préférées augmenter au fil des années.
Quelles sont les alternatives à la cantine pour obtenir des cigarettes en prison ?
Parce qu’un virement n’est pas encore arrivé, parce que les cigarettes cantinées ont toutes été consommées avant la prochaine livraison ou encore parce qu’un indigent ne voit jamais son compte nominatif personnel être alimenté, des alternatives à la cantine ont été créées en prison pour permettre aux détenus de toujours accéder à des cigarettes.
Administrées par des détenus, les solutions pour fumer sont toutefois onéreuses et risquées.
Du trafic de tabac au sein des prisons françaises
Pour s’assurer des revenus supplémentaires, certains détenus n’hésitent pas à commercialiser le tabac dans les coursives de la prison. En commandant des paquets supplémentaires, ces derniers n’hésitent pas à les proposer à la revente ou à les échanger contre des services ou des objets du quotidien.
Cette manœuvre reste toutefois controversée, car les prix sont généralement doublés par rapport à ceux affichés sur les catalogues de cantine. De plus, il n’est pas rare de voir du tabac être échangé contre quelques grammes de cannabis ou d’autres drogues qui circulent illégalement dans les coursives des prisons françaises.
Des cigarettes qui coûtent le double du prix pratiqué à l’extérieur
En effet, acheter un paquet de cigarettes en prison peut coûter entre 25 et 50 € en fonction de l’offre disponible. Surfant sur les fins de mois difficiles de leurs pairs, les détenus les plus malins n’hésitent pas à facturer des cartouches plus de 250 € alors même qu’elles sont vendues aux alentours de 120 € sur catalogue.
L’addiction au tabac est telle, en prison, que malgré ces prix exorbitants, certains cèdent et achètent leurs cigarettes au prix fort.
Du tabac de contrebande dans les cellules de France
Pour générer encore plus de profits, des détenus distribuent des cigarettes de contrebande en prison. Achetées moitié prix auprès de revendeurs situés à l’extérieur, ces dernières se revendent à prix d’or au sein des prisons.
Pour faire entrer des cartouches, les personnes écrouées comptent sur des drones ou des lanceurs qui parviennent bien souvent à déjouer les pièges pourtant tendus régulièrement par les surveillants.
Sources : Sénat, OIP, Tabac Info service.
Tabac en prison : les chiffres en France
Pour inciter à l’arrêt du tabac en prison, certaines initiatives sont mises en place, telles que la distribution gratuite de cigarettes électroniques par des associations comme La Vape au Cœur, notamment au cours du mois sans tabac.
Questions les plus fréquentes au sujet de la cigarette en prison
Si les personnes écrouées peuvent fumer dans leurs cellules, les mineurs, eux, ne peuvent pas bénéficier de ce droit.
De même, lorsqu’il arrive que des détenus majeurs soient assignés avec des plus jeunes, le tabac est interdit pour éviter des risques de tabagisme passif ou d’incitation à la consommation de cigarettes.
Oui, faute à une exposition permanente aux particules nocives libérées par le tabac et aux dimensions des fenêtres des cellules qui ne permettent pas de renouveler convenablement l’air qui s’y trouve, les détenus sont plus souvent touchés que la norme par des maladies liées à la consommation de cigarettes.
Les risques de cancers, de maladies respiratoires et d’autres affections cardiovasculaires sont 50 % plus présents en prison qu’à l’extérieur.
Pour inciter à l’arrêt du tabac en prison, des associations interviennent de plus en plus au sein des établissements pénitentiaires. Récemment, les détenus de Caen se sont vu remettre des cigarettes électroniques gratuitement par la structure La Vape au Cœur.
Certains hôpitaux et professionnels de santé s’investissent aussi dans les prisons pour informer et accompagner les détenus dans l’arrêt de la cigarette, notamment au cours du mois sans tabac.
Pour acheter des cigarettes en prison sans passer par le circuit traditionnel, les détenus font appel à des membres de leur famille ou des proches restés à l’extérieur. Ils demandent généralement à ces derniers de leur procurer le code délivré lors de l’achat d’un ticket PCS chez le buraliste et troquent ce dernier contre du tabac.
Ils peuvent aussi rendre des services à d’autres détenus ou échanger des biens ou d’autres marchandises contre des cigarettes vendues à l’unité, par paquet ou sous forme de cartouches le double du prix habituel.
Oui, il est possible d’acheter des cigarettes électroniques, ainsi que des recharges, à la cantine de la prison. Toutefois, il faut savoir que seuls certains modèles et marques sont proposés.
