La canicule en prison

Pourquoi les prisons ne sont définitivement pas adaptées aux fortes chaleurs ?

S’il nous est difficile de trouver le sommeil et d’évoluer lorsque de fortes chaleurs surviennent en été, la canicule est d’autant plus difficile à vivre en prison. Définitivement non adaptés aux changements climatiques, les établissements pénitentiaires contraignent les détenus à vivre dans des conditions de détention indignes et cela parfois au détriment de leur santé.

Des locaux vétustes qui ne résistent pas aux changements climatiques

Les cellules de quelques m² partagées à 3 voire à 4, les coursives qui ne sont pas aérées, les cours de promenades où l’on trouve du sable au sol et qui sont entourées de béton et de grillage n’offrent aucun répit aux détenus lorsque la canicule revient chaque été.

Les locaux vétustes des prisons, qui ne sont en aucun cas conçus pour résister aux fortes chaleurs, font l’enfer de ceux qui sont contraints d’attendre que l’été prenne fin.

Des politiques carcérales inadaptées à la canicule

Les règlements des établissements pénitentiaires qui n’ont pas changé depuis plusieurs dizaines d’années ne tiennent pas compte des changements qui font que désormais, il n’est pas rare de voir le thermomètre approcher dangereusement les 50 °C en cellule. Par conséquent, la majeure partie des détenus ne dispose toujours pas de sanitaires dans leurs cellules et peuvent accéder aux douches uniquement 3 fois par semaine, même en période de canicule.

Aussi, le personnel pénitentiaire est intransigeant concernant le fait que les grilles qui encadrent les fenêtres des cellules ne doivent pas être cachées. Lorsque les détenus fabriquent des stores de fortunes en pendant des serviettes et vêtements afin de se protéger du sol, ils sont systématiquement repris et sommés de les retirer, ce qui aggrave encore la hausse de la chaleur dans leur cellule surpeuplée.

Des cellules surpeuplées où la chaleur stagne

Car depuis le 1^er juillet dernier, la surpopulation carcérale atteint des sommets. Plus de 3000 détenus sont pour l’heure contraints de dormir sur un matelas posé à même le sol dans une cellule déjà occupée par trois autres personnes alors même qu’elle était initialement conçue pour accueillir un seul détenu.

La promiscuité durant 22 heures sur 24 au sein des maisons d’arrêt et la consommation de tabac ne fait qu’aggraver les effets de la canicule.

Des équipements cassés qui ne sont pas renouvelés

Si l’on pouvait penser que les détenus peuvent bénéficier d’au moins deux heures de promenade quotidienne pour prendre l’air frais, il convient de rappeler que les cours de promenades sont généralement situées en plein soleil et que le béton qui y règne a tendance à conserver la chaleur.

Pour qu’ils puissent se rafraîchir au moment de sortir, les détenus peuvent toutefois bénéficier de robinets à l’extérieur et en profiter pour se désaltérer. Or, ce genre d’équipement est bien souvent cassé ou s’est détérioré avec le temps. L’administration carcérale ne juge pas toujours utile de le renouveler.

Comment s’organisent les détenus en période de canicule ?

Pour lutter contre les effets de la canicule, les détenus composent avec des équipements de fortune et des techniques bien rodées. Pour rendre plus confortables ces périodes de fortes chaleurs, ces derniers regorgent d’ingéniosité, mais sont parfois sanctionnés par le personnel pénitentiaire.

Des brumisateurs de fortune pour lutter contre la chaleur

Pour pouvoir se rafraîchir, des brumisateurs de fortune sont conçus par les détenus en prison. En pendant aux fenêtres des serviettes mouillées, ils tentent de faire baisser de quelques degrés la température de la pièce pendant la canicule. Aussi, les produits d’entretien sont vidés puis remplis d’eau pour pouvoir s’asperger en attendant le jour de la douche.

Des détenues condamnées à Marseille pour avoir retiré un dispositif antibruit

À la prison des Beaumettes, à Marseille, des détenues qui suffoquaient en cellule à cause de la canicule ont pris l’initiative de retirer le dispositif antibruit, accolé à leur fenêtre, dans le but de pouvoir recevoir davantage d’air. Sanctionnées à hauteur de 500 € et placées au mitard, ces dernières n’ont pas pu profiter de leur astuce pour lutter contre la chaleur.

Comment les prisons s’organisent-elles lors d’épisodes de canicule ?

Fréquemment visitées par les parlementaires en période de canicule, les prisons mettent peu à peu quelques dispositifs en place lorsque les températures dépassent 40 °C en cellule. Voici les quelques mesures prises par les dirigeants des établissements pénitentiaires pour protéger les détenus et le personnel des fortes chaleurs.

Davantage de surveillance pour les détenus vulnérables

Les détenus les plus vulnérables, c’est-à-dire ceux qui rencontrent des difficultés cardiaques, des problèmes respiratoires ou encore ceux qui sont dyslexiques, font l’objet de davantage de surveillance de la part de l’unité sanitaire des établissements pénitentiaires.

Si les effets de la chaleur sont trop difficiles à supporter par ces derniers, ils peuvent demander à être examinés par un professionnel de santé.

Des distributions d’eau pour les détenus et les surveillants pénitentiaires

Chaque jour en période de canicule, les détenus comme le personnel pénitentiaire se voient remettre une bouteille d’eau gratuitement par l’administration. Il s’agit là d’un geste qui permet de veiller à ce que toutes les personnes qui se trouvent au sein de la prison soient hydratées malgré les conditions de détention et de travail indignes dans lesquelles elles évoluent.

Des ventilateurs prêtés aux indigents

Des ventilateurs sont aussi prêtés aux indigents qui n’ont pas les moyens de cantiner de tels appareils. Pour pouvoir obtenir de quoi se ventiler en prison, il convient de prévoir un budget de 20 à 30 euros pendant l’été.

Afin d’aider les plus modestes à survivre aux fortes chaleurs, le personnel pénitentiaire met à leur disposition cet équipement gratuitement.

Des réveils brutaux pour s’assurer que les détenus survivent à la canicule

Dans certaines prisons françaises, le personnel pénitentiaire a pour ordre de réveiller les détenus toutes les deux heures en période de canicule, afin d’être certain que ces derniers soient toujours en vie. Particulièrement traumatisants, ces réveils brutaux n’améliorent en rien les conditions de détention des personnes condamnées en cas de fortes chaleurs, mais contribuent à atteindre leur dignité.