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Gérald Darmanin veut faire participer les détenus aux frais d’incarcération : ce qu’il faut savoir

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Dans un contexte de tension persistante dans les établissements pénitentiaires français, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé vouloir instaurer une contribution financière des détenus aux frais liés à leur incarcération. Cette mesure, dévoilée lundi 28 avril 2025, vise à améliorer les conditions de travail des surveillants pénitentiaires, tout en responsabilisant les personnes incarcérées.

Une volonté affichée : faire contribuer les détenus

Dans une lettre adressée aux personnels pénitentiaires, Gérald Darmanin explique son projet : il s’agit de « faire participer les personnes détenues aux frais générés par leur incarcération« . Selon lui, ce dispositif permettrait de dégager des ressources supplémentaires, notamment pour améliorer les conditions de travail des agents et renforcer la sécurité dans les établissements.

Le ministre s’est engagé à rouvrir rapidement ce dossier, précisant que les détenus devraient s’acquitter d’une sorte de « forfait de présence« , une contribution forfaitaire qui pourrait s’ajouter aux prélèvements déjà existants sur les rémunérations perçues pour leur travail en détention. Actuellement, les détenus exerçant une activité rémunérée voient déjà une partie de leurs revenus ponctionnée pour contribuer à l’indemnisation de leurs victimes ou au remboursement des frais de justice.

Une mesure qui divise

Le principe de faire payer une partie des frais d’incarcération n’est pas nouveau. Un mécanisme similaire avait été inscrit dans la loi en 2004, mais n’avait jamais été pleinement appliqué en raison de nombreuses difficultés techniques et juridiques. En relançant ce sujet, Gérald Darmanin entend répondre à une demande récurrente d’une partie des personnels de l’administration pénitentiaire, dénonçant depuis longtemps le manque de moyens et la surcharge de travail.

Cependant, cette annonce suscite déjà de vives réactions. Plusieurs associations de défense des droits des détenus et certains avocats mettent en garde contre une mesure pouvant accroître les inégalités entre détenus. Beaucoup de personnes incarcérées disposent de ressources extrêmement limitées. Leur demander une contribution supplémentaire pourrait compliquer encore davantage leur situation matérielle et alourdir la charge financière qui pèse souvent déjà sur leurs familles.

Les frais d’incarcération : une réalité méconnue

En France, selon les données du ministère de la Justice, le coût moyen d’une journée de détention est estimé à environ 110 euros par détenu. Ces frais englobent l’hébergement, la sécurité, la nourriture, les soins médicaux et les services sociaux. Faire participer les détenus à ces coûts reviendrait à leur demander de rembourser une petite fraction de cette somme.

Pour rappel, l’incarcération ne coûte pas uniquement à l’État. Elle peut également représenter un fardeau financier pour les proches des détenus. Entre les frais d’appels téléphoniques, les virements envoyés, les frais de transport pour les visites et parfois l’achat de produits de première nécessité en détention, le coût cumulé peut rapidement devenir très élevé. Pour mieux comprendre cette réalité, un simulateur est disponible sur notre site : estimez le coût de l’incarcération pour les proches d’un détenu.

Comment ce projet pourrait-il être mis en œuvre ?

À ce stade, Gérald Darmanin n’a pas encore précisé le montant du forfait envisagé ni les modalités exactes de sa mise en œuvre. Plusieurs options sont sur la table :

  • Instaurer une contribution fixe hebdomadaire ou mensuelle ;
  • Prendre une partie supplémentaire sur les revenus issus du travail pénitentiaire ;
  • Appliquer une contribution différenciée selon la situation financière du détenu.

Le ministre a assuré que des consultations auraient lieu avec les acteurs du monde pénitentiaire avant toute mise en place effective. L’objectif affiché est de limiter les tensions dans les prisons, où les agressions contre les surveillants ont connu une hausse inquiétante ces dernières années.

Un contexte de pression sur le système pénitentiaire

Cette annonce intervient dans un climat tendu. Depuis plusieurs mois, les syndicats pénitentiaires alertent sur les agressions croissantes, les sous-effectifs et le manque d’infrastructures adaptées. Gérald Darmanin a également promis des mesures pour renforcer la sécurité, notamment par la généralisation de la vidéosurveillance et l’armement renforcé des surveillants dans certaines situations.

La question du financement des prisons, du traitement des détenus et de la protection des agents est donc plus que jamais au centre des préoccupations gouvernementales.

Sources : Ouest-France.fr, LaDepeche.fr, Francetvinfo.fr