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Gérald Darmanin interdit les activités « ludiques » en prison : une décision controversée

Gerald Darmanin interdit les activités ludiques en prison

Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a ordonné l’arrêt des activités « ludiques » en prison, suscitant une vive réaction de 31 organisations de défense des droits des détenus qui dénoncent une mesure « démagogique ».

Interdiction des activités ludiques en prison

Le 17 février 2025, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé l’interdiction de toutes les activités « ludiques » dans les établissements pénitentiaires français, à l’exception de celles liées à l’éducation, à l’apprentissage de la langue française et au sport. Cette décision fait suite à une polémique déclenchée par des soins du visage offerts à des détenus de la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses à l’occasion de la Saint-Valentin.

Soins de visage pendant la Saint Valentin

À la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses, une vingtaine de détenus ont bénéficié de soins du visage gratuits proposés par une école locale. Cette initiative, visant à améliorer le bien-être des détenus, a été vivement critiquée par des représentants syndicaux pénitentiaires. Jérôme Combelles, délégué du syndicat Force Ouvrière, a exprimé son indignation :

« Je trouve choquant qu’un violeur ou un kidnappeur puisse bénéficier de cela. Nous devrions penser aux victimes »

En réponse à cette controverse, Gérald Darmanin a déclaré :

« Il est hors de question d’avoir des activités ludiques qui choquent tous nos concitoyens »

Gérald Darmanin

Il a ainsi ordonné aux directeurs d’établissements pénitentiaires de restreindre les activités proposées aux détenus aux seuls domaines éducatifs, linguistiques et sportifs.

Réactions des intervenants en milieu carcéral

Cette interdiction a suscité une onde de choc parmi les professionnels intervenant en prison. Alexandre Megret, animateur d’ateliers de yoga à la prison pour hommes de Rennes-Vézin depuis 2017, a vu ses sessions suspendues dès le lendemain de l’annonce ministérielle. Il exprime son incompréhension :

« Qualifier nos activités de « ludiques » et « non essentielles », c’est très dévalorisant. Le yoga n’est pas un jeu. Il donne des outils aux détenus pour se calmer, se pacifier, prendre du recul par rapport à leur impulsivité »

Alexandre Megret

Claudia Veillaux, socio-esthéticienne intervenant depuis cinq ans à la prison pour femmes de Rennes, partage ce sentiment. Ses ateliers, axés sur la restauration de l’estime de soi des détenues, sont désormais menacés. Elle souligne l’importance de son travail : « J’accompagne des femmes qui souffrent d’un cancer, de troubles alimentaires, du sommeil, d’addictions, de dépression. Ce sont des problématiques qu’il ne faut pas oublier et qui s’ajoutent à l’enfermement » (source : france3-regions.francetvinfo.fr.)

Indignation des organisations de défense des droits des détenus

Le 19 février 2025, trente et une organisations, dont l’Observatoire international des prisons (OIP), la Ligue des droits de l’homme et le Secours catholique, ont exprimé leur indignation face à cette décision.

Dans un communiqué commun, elles dénoncent « un acte de pure démagogie » et appellent le ministre à revenir sur sa décision. Elles soulignent que ces activités « s’inscrivent en réalité dans un travail sur l’estime de soi et le lien social, qui conditionne toute autre démarche d’insertion ». Source : lemonde.fr.

Les signataires rappellent également que les prisons françaises sont confrontées à des problèmes structurels majeurs, tels que la surpopulation carcérale et l’insalubrité des établissements. Par exemple, la maison d’arrêt de Seysses comptait, au 1ᵉʳ janvier 2025, 1 239 détenus pour 580 places

Les associations estiment que « l’état catastrophique des prisons françaises mérite mieux que des effets d’annonce aggravant encore le problème ».

Débat sur le rôle des activités en prison

Cette controverse relance le débat sur le rôle des activités en milieu carcéral. Les partisans de ces programmes estiment qu’ils sont essentiels pour la réinsertion des détenus et la prévention de la récidive. Ils affirment que des activités telles que le yoga, les soins esthétiques ou les ateliers artistiques contribuent au bien-être psychologique des détenus et facilitent leur réintégration sociale.

À l’inverse, les opposants considèrent que ces activités peuvent être perçues comme des privilèges indus, susceptibles de choquer l’opinion publique et de minimiser la gravité des actes commis par les détenus. Ils plaident pour une approche plus stricte de l’incarcération, centrée sur la sanction et la sécurité.

La décision de Gérald Darmanin d’interdire les activités « ludiques » en prison a déclenché un vif débat entre les défenseurs d’une approche humaniste de la détention et les partisans d’une vision plus répressive. Alors que les professionnels du milieu carcéral et les organisations de défense des droits des détenus appellent à une réévaluation de cette mesure, le ministère de la Justice n’a pas encore précisé les modalités de sa mise en œuvre. Cette situation souligne la complexité de la gestion pénitentiaire et la nécessité d’un équilibre entre sécurité, justice et réinsertion.