Prison : Dictionnaire de la vie carcérale
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- Date de dernière mise à jour : 15 novembre 2024
Évoluer en prison, c’est adopter de nouveaux codes et un langage parfois ignoré de l’autre partie de la population. Au sein des murs des établissements pénitentiaires, des mots et expressions propres à la prison sont couramment utilisés, notamment pour nommer certains objets et interlocuteurs que l’on croise uniquement au cours d’une peine. Découvrez notre dictionnaire de la vie carcérale pour vous familiariser avec le jargon du milieu.
Le dictionnaire du personnel et des membres de l’univers carcéral
Lorsqu’on entre en prison, les autres détenus, les surveillants pénitentiaires ainsi que les autres acteurs du quotidien sont autant de personnages susceptibles d’être nommés à l’aide de mots spécifiquement employés au sein des établissements pénitentiaires. En effet, chacun possède ici son propre surnom et les détenus apprennent rapidement à employer les termes utilisés dans toutes les cours de promenade et cellules de France.
Le shmit, le dek ou le condé
Un shmit, un dek, un condé ou encore un flic sont autant de variantes utilisées pour nommer un policier ou un gendarme. Au sein du système pénitentiaire, les autorités n’ont évidemment pas le vent en poupe et il est préférable d’user de ces diminutifs plutôt que d’employer des termes plus respectueux lorsqu’on qualifie les agents de la paix pour éviter d’être mal vu par les autres détenus.
Le maton
Le maton, tantôt appelé surveillant ou parfois aussi chef, est le surveillant pénitentiaire chargé de la sécurité et des déplacements des détenus au sein de la prison. Il est l’interlocuteur privilégié des personnes incarcérées puisqu’il est responsable de leur accueil, de leurs trajets vers la promenade, de la gestion des parloirs, du courrier, de la vie en prison et de la délivrance d’informations en cas de besoin.
Le gamelleur
Le gamelleur désigne la personne chargée de la distribution des repas au sein des cellules des prisonniers. Il peut s’agir d’un surveillant ou d’un détenu responsable de cette tâche, qui reste très peu appréciée des détenus qui partent du principe que la nourriture fournie par la prison est de très mauvaise qualité.
Le pointu, le tutu, le pointeur
Un pointu désigne un agresseur sexuel, voire un pédophile, incarcéré avec d’autres détenus au sein de la prison. Bien souvent, les personnes incarcérées pour des crimes sexuels envers des femmes ou des enfants sont placées dans des cellules isolées, pour des raisons de sécurité.
Ils sont régulièrement la cible des citoyens placés en prison pour des délits et crimes sans lien avec des violences sexuelles.
La balance, le tonton, la poukav
Une balance, un tonton ou encore une poukave est un détenu qui collabore avec les responsables de la prison ou les autorités policières, en leur délivrant des informations sur des enquêtes en cours. Bien souvent, ces derniers sont placés à l’isolement de la même manière que ceux incarcérés pour crime sexuel envers une femme ou un enfant. Car ils sont aussi susceptibles d’être agressés au sein de l’établissement pénitentiaire.
Le stup’
Stup’ est le diminutif de stupéfiant. En prison, on appelle « le stup’ » un détenu incarcéré pour un délit en lien avec la drogue. Les trafiquants pris la main dans le sac en train de vendre ou de transporter de la résine de cannabis, de la cocaïne, de l’héroïne ou toute autre drogue de synthèse sont susceptibles d’être surnommés ainsi une fois parvenu entre les murs d’une prison française.
Le baveux
Le baveux, c’est la personne chargée de la défense des détenus, soit l’avocat mandaté pour représenter une personne incarcérée devant les tribunaux.
L’auxi
L’auxi est le diminutif de l’auxiliaire, qui est un détenu chargé de corvées de linge, de ménage ou de distribution des repas contre une rémunération. Ce dernier peut travailler au sein de la buanderie de la prison, en cuisine ou évoluer au sein des couloirs de l’établissement pour porter le linge et la nourriture des autres détenus directement en cellule, puisqu’il bénéficie de la confiance de la commission l’ayant choisi pour assurer cette fonction.
Le dictionnaire du quotidien en prison
La vie carcérale est rythmée par diverses démarches quotidiennes et sanctions qui elles aussi ont été renommées par les détenus. Commander de la nourriture, être placé à l’isolement, rencontrer ses proches, sortir prendre l’air et s’échanger des objets de cellule en cellule sont des actions routinières qui ont leur place dans le glossaire de la prison.
Cantiner
Pour pouvoir manger les repas qu’ils souhaitent, les détenus doivent commander chaque semaine de la nourriture à la cantine de la prison. Pour réaliser cette démarche, ils doivent évidemment détenir des fonds. Bien souvent, les personnes incarcérées reçoivent de l’argent pour « cantiner » de la part de leurs proches et peuvent ainsi s’offrir des denrées alimentaires et produits d’hygiène d’une qualité supérieure à celle des produits proposés gratuitement par la prison.
Finir au mitard ou au trou
Un mauvais comportement au sein de la prison peut donner lieu à un placement en cellule d’isolement. Dans le jargon, on préfère nommer cette sanction comme un placement au mitard ou au trou. Les conditions de séjour y sont particulièrement difficiles et il est donc judicieux d’éviter de s’y retrouver.
Aller au parlu
Se rendre à un parlu, c’est tout simplement être convoqué à un parloir par son avocat, un membre de sa famille ou un proche. Le parlu désigne le parloir, lieu où les détenus peuvent rencontrer momentanément des personnes venues leur rendre visite depuis l’extérieur de la prison.
Coiffer perpette
Coiffer perpette, c’est être concerné par une peine de prison à perpétuité. On peut aussi utiliser le terme « coiffer à vioc’ » dans cette situation.
« Fais passer le yoyo »
Pour se faire passer de petits objets de cellules en cellules, les détenus ont pour habitude de confectionner ce qu’ils appellent des « yoyos ». Sous une porte ou à travers la fenêtre, il est possible de manier cette ficelle souvent tirée d’un drap, pour réceptionner des marchandises ou des mots passés par les personnes incarcérées qui vivent dans des cellules situées à proximité.
« Manger la gamelle »
Manger la gamelle, c’est se nourrir des plats distribués gratuitement par les établissements pénitentiaires français. Bien souvent, seuls les détenus les plus modestes qui n’ont pas d’argent pour cantiner sont concernés par ces repas.
Reconnus par leur basse qualité, ils sont particulièrement dépréciés par les personnes incarcérées.
Aller en promenade
Aller en promenade, c’est sortir chaque jour dans la cour de la prison. Pour faire du sport, prendre l’air ou fumer une cigarette, les détenus ne bénéficient quotidiennement que d’une durée limitée. La promenade est donc attendue par de nombreuses personnes et représente un bol d’air frais avant de retrouver sa cellule.
Les variantes à la prison au sein des établissements pénitentiaires
La ratte, le trou, le gnouf, le chtar, la taule ou encore la piaule, la boîte, la cabane, la détention, le cachot ou le bloc, sont autant de termes reconnus dans l’univers carcéral pour désigner la prison. Au cours de la période durant laquelle les détenus purgent leur peine, ces nouveaux mots et expressions sont évoqués et ces derniers continuent bien souvent à les utiliser après leur sortie de prison. Il convient donc se familiariser avec ces derniers pour pouvoir continuer à discuter avec des proches incarcérés.
Sources principales : témoignages de détenus, dans plusieurs établissements pénitentaires de France.
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